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La Ligue arabe ne renonce pas à envoyer des observateurs en Syrie

La Ligue arabe maintient son projet d'envoyer 500 observateurs en Syrie, contre l'avis de Damas. De son côté, le président Bachar al-Assad accuse l'organisation panarabe de créer un "prétexte" à une intervention militaire occidentale.

AFP - Le président syrien Bachar al-Assad, confronté à un mouvement de contestation sans précédent, s'est dit prêt à combattre et à mourir en cas d'intervention étrangère, dénonçant l'attitude de certains pays de la Ligue arabe.

Ces déclarations sont intervenues alors que l'ultimatum de la Ligue pressant Damas de cesser la répression a pris fin samedi à minuit, exposant désormais la Syrie à des

sanctions économiques arabes.

Neuf mois après le déclenchement d'une contestation populaire dont la répression a fait plus de 3.500 morts, selon l'ONU, le régime reste inflexible en dépit de son isolement international croissant.

Dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, le président Assad, au pouvoir depuis 2000, affirme que son régime -- qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et impute les violences à des groupes armés -- doit faire respecter la loi.

"Mon rôle de président est dans l'action (...) La seule solution est (...) de chasser les bandes armées, d'empêcher l'entrée d'armes et de munitions depuis des pays voisins (...) et de faire respecter la loi et l'ordre", a-t-il dit.

Le président syrien a accusé la Ligue arabe de créer un "prétexte" à une intervention militaire occidentale qui provoquerait un "séisme" dans la région.

Il a souligné que "la Syrie ne s'inclinera pas", se disant aussi "tout à fait" prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères.

"Si le combat nous est imposé, nous combattrons", a affirmé de son côté son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem au cours d'une conférence de presse à Damas, rejetant en outre les craintes de guerre civile exprimées par ses homologues américain Hillary Clinton et turc Ahmet Davutoglu.

"Quand Mme Clinton dit que l'opposition est bien armée, (...) c'est comme on dit en anglais +wishful thinking+ (prendre ses désirs pour des réalités, ndlr)", a affirmé le ministre.

Vendredi, Mme Clinton avait dit "penser qu'il pourrait y avoir une guerre civile, avec une opposition très déterminée, bien armée et finalement bien financée", tandis que M. Davutoglu avait déclaré à l'AFP que des déserteurs "se manifest(aient) ces derniers temps, et de ce fait, il y a un risque d'évolution vers la guerre civile".

D'autre part, M. Mouallem a minimisé l'importance de l'ultimatum de la Ligue arabe, affirmant qu'un accord était encore possible sur la proposition arabe de sortie de crise.

Le ministre a accusé certains membres de la Ligue d'utiliser l'organisation "comme un outil pour parvenir au Conseil de sécurité" de l'ONU.

La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne comptent présenter une résolution à l'Assemblée générale de l'ONU condamnant la répression en Syrie, assurant avoir le soutien clé des pays arabes.

Le succès d'une telle démarche pourrait augmenter la pression sur le Conseil de sécurité, où la Russie et la Chine avaient le mois dernier opposé leur veto à une résolution condamnant Damas.

Dimanche, la Ligue arabe, qui a suspendu mercredi la Syrie de ses travaux, a par ailleurs rejeté une demande de Damas d'amender une proposition d'envoyer une délégation de 500 observateurs, estimant que les modifications "changeraient radicalement le nature de la mission" qui consiste notamment à "protéger les civils".

M. Mouallem a dénoncé cette attitude, soulignant que le "protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe des prérogatives très amples, voire impossibles, pouvant aller jusqu'à la violation de la souveraineté nationale".

Une nouvelle réunion de la Ligue arabe sur la Syrie a été annoncée pour jeudi.

Sur le terrain, au mois quatre civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité dans différentes localités du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. Samedi, le bilan des violences s'était élevé à 17 morts.

Le président turc Abdullah Gül, dans un entretien au Sunday Telegraph, a assuré qu'il n'y avait "plus place pour des régimes autoritaires" tels que le régime syrien.

Après avoir tenté de raisonner la Syrie, la Turquie a durci le ton et soutient désormais l'opposition.

Celle-ci, par la voix du Conseil national syrien (CNS), a annoncé dimanche un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime et la tenue d'élections d'une assemblée constituante à l'issue d'une période transitoire d'un an.

Selon ce projet diffusé sur son site internet, une fois le chute du régime réalisée, le conseil "dirigera le pays avec l'institution militaire". "Un gouvernement temporaire sera formé et il sera chargé d'organiser des élections libres au bout d'un an sous une supervision arabe et internationale pour désigner une assemblée constituante avec pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution", ajoute le texte.

La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum et, une fois adoptée, des législatives seront convoquées dans un délai de six mois.

Le CNS, lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul, n'a été reconnu jusqu'à présent que par les nouvelles autorités libyennes.