
Le successeur de Silvio Berlusconi, Mario Monti, a commencé lundi à mener des consultations avec ses principaux partenaires politiques pour former un nouveau gouvernement. Mardi, il devrait présenter une liste restreinte de douze ministres.
REUTERS - Mario Monti a entamé des consultations lundi pour former, après le départ de Silvio Berlusconi, un nouveau gouvernement qui tentera de rendre à l'Italie la confiance perdue des marchés financiers.
L'ancien commissaire européen était en discussions avec les partis politiques avant de rencontrer mardi les syndicats et le patronat. Il devrait mettre en place un cabinet relativement restreint composé de technocrates extérieurs au parlement.
Mario Monti s'est mis au travail après un week-end d'intense activité politique qui a vu le parlement approuver les réformes économiques convenues avec les dirigeants de l'Union européenne, Silvio Berlusconi démissionner et le président Giorgio Napolitano remplacer le "Cavaliere" par l'économiste, nommé voici peu sénateur à vie.
"Monti a parlé d'un programme important avec beaucoup de sacrifices", a dit Francesco Nucara, député d'un des nombreux petits groupes parlementaires engagés dans les entretiens, après avoir rencontré le président du Conseil désigné.
Le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, a dit s'attendre à ce que Mario Monti sollicite d'ici à vendredi un vote de confiance au parlement pour s'assurer que le nouveau gouvernement dispose d'un soutien suffisant.
Risque de dissensions politiques
Les conditions d'emprunt de l'Italie ont atteint la semaine dernière des niveaux comparables à ceux qui ont obligé l'Irlande et la Grèce à réclamer des mesures de sauvetage internationales. En dépit de premières réactions positives des marchés lundi matin, les investisseurs demeurent dans l'expectative.
Le président Napolitano a préconisé un effort national exceptionnel afin de soutenir Mario Monti et retrouver la confiance des marchés internationaux, en notant que l'Italie devait refinancer environ 200 milliards d'euros d'obligations d'ici à la fin avril.
Mais une fois passée l'impulsion initiale donnée au pays par sa nomination, Mario Monti devra faire face aux remous qui agitent les eaux trompeuses de la politique italienne, où des signes de défiance évidents émanent déjà du centre droit.
"Ça ne s'arrête pas là", proclame un titre de Libero, quotidien résolument pro-Berlusconi selon lequel "la gauche et ses journaux ont peut-être sablé le champagne trop vite".
Partisan convaincu de l'économie de marché qui s'est attaqué avec succès aux opérations monopolistiques durant la décennie qu'il a passée à Bruxelles, Mario Monti devrait exposer un programme conforme aux exigences de ses partenaires européens.
"Il est très important que ce gouvernement prenne corps vite et mette en oeuvre tout de suite des réformes fondamentales pour relancer la croissance et équilibrer le budget", a déclaré à la presse la chef du patronat italien, Emma Marcegaglia.
Mesures impopulaires
Mario Monti a souvent milité pour le contrôle des finances publiques et des mesures visant à stimuler la concurrence, à ouvrir les professions opérant en cercle fermé et à alléger la pression fiscale sur l'emploi.
Mais le soutien dont ce gouvernement non élu peut disposer au parlement et dans l'opinion sera mis à l'épreuve par des réformes douloureuses comme le relèvement de l'âge de la retraite, par exemple pour ceux qui pouvaient prétendre à des "pensions d'ancienneté" après 35 ans de cotisation, ou l'assouplissement des dispositifs de protection de l'emploi.
D'autres mesures possibles, comme un impôt sur la richesse applicable à des biens privés incluant les résidences principales, risquent aussi de rencontrer une forte opposition.
Les prochaines élections ne sont pas censées intervenir avant 2013, mais beaucoup prédisent que Mario Monti ne restera pas en fonctions jusque-là et qu'il ouvrira la voie à un scrutin anticipé une fois adoptées les réformes promises à l'Europe.
De hauts responsables de l'UE et la chancelière allemande Angela Merkel se sont réjouis des signes laissant prévoir la fin de plusieurs semaines d'incertitude. Angela Merkel a salué l'approbation du programme de réformes samedi par les députés.
Mario Monti pourrait se rendre en France ou en Allemagne pour en rencontrer les dirigeants dans la semaine suivant la formation de son gouvernement, selon une source proche du dossier.
L'UE suivant de près la situation italienne, il aura besoin du soutien d'Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy, qui s'étaient montrés exaspérés par les dérobades de Silvio Berlusconi quant à la mise en oeuvre des réformes.