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Mario Monti chargé de former le prochain gouvernement

Au lendemain de la démission de Silvio Berlusconi, le président Giorgio Napolitano a chargé Mario Monti de former un nouveau gouvernement. Le nouveau président du Conseil se dit convaincu que l'Italie "peut vaincre" la crise.

AFP - A peine chargé de succéder au chef du gouvernement Silvio Berlusconi, l'ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans, s'est déclaré dimanche soir convaincu que l'Italie "peut vaincre" la crise de la dette grâce à "un effort collectif".

"Je remercie beaucoup le président pour la confiance qu'il m'a accordée (...) dans un moment de difficulté particulière pour l'Italie", a déclaré M. Monti lors d'une brève intervention devant la presse après avoir reçu ce mandat du président de la République Giorgio Napolitano.

"Le pays doit redevenir un élément de force, non de faiblesse, dans une Union européenne dont avons été parmi les fondateurs", a-t-il ajouté.

"L'Italie peut vaincre la crise" économique grâce à "un effort collectif", a-t-il insisté, peu avant d'être applaudi par la foule à sa sortie du palais présidentiel.

La nomination de cet économiste respecté intervient à point nommé pour rassurer les marchés et les partenaires internationaux avant l'ouverture des marchés boursiers lundi matin, d'autant plus que cette journée sera marquée par une nouvelle émission obligataire faisant figure de test.
              

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Dans un message télévisé diffusé au moment même où son successeur en puissance était convoqué au palais présidentiel, Silvio Berlusconi s'est dit "prêt à favoriser les efforts du président pour donner immédiatement au pays un gouvernement au profil technique".

Avant d'ajouter aussitôt qu'il "redoublerait son engagement au Parlement et dans les institutions pour rénover l'Italie", signe qu'il n'est prêt à prendre sa retraite politique.

"Je ne me rendrai pas tant que je n'aurai pas rénové l'architecture de l'Etat", a affirmé M. Berlusconi, qui a passé dix ans au pouvoir en 17 ans de vie politique.

  Plus tôt dans la journée, le Cavaliere s'était dit "fier" de son action pendant la crise économique et avait déclaré espérer "reprendre le chemin du gouvernement".

En début de soirée, tout sourire, il est venu saluer et serrer les mains de centaines de partisans réunis devant sa résidence personnelle, qui l'ont applaudi avec chaleur en criant "Silvio! Silvio!".

Cette omniprésence de M. Berlusconi sur la scène médiatique forme un contraste saisissant avec la discrétion prudente affichée toute la journée par Mario Monti.

La tâche qui attend M. Monti est titanesque, alors que l'Italie est au bord de l'asphyxie financière et croule sous une dette colossale (1.900 milliards d'euros, 120% du PIB).

Le Parti démocrate (PD, gauche, principal parti d'opposition) a demandé par la voix de son secrétaire Pierluigi Bersani que le gouvernement "soit totalement nouveau, à forte composante technique, et mette l'Italie en condition d'affronter l'urgence".

"Les engagements pris avec l'Europe restent le contenu essentiel du programme de gouvernement", a estimé pour sa part le secrétaire du parti du Cavaliere, le Peuple de la Liberté (PDL), Angelino Alfano.

La perspective d'une majorité parlementaire semble donc ouverte pour M. Monti, un homme pondéré au nez toujours chaussé de lunettes, surnommé parfois "le cardinal", qui s'est taillé une réputation de compétence et d'indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994-2004), d'abord au Marché intérieur puis à la Concurrence.

Il est aussi depuis 1994 président de la prestigieuse université Bocconi de Milan, considérée comme la meilleure faculté d'économie d'Italie et dont il est diplômé.

Ces compétences ne seront pas de trop pour gouverner l'Italie, qui a été placée sous surveillance du Fonds monétaire international, de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne.

L'UE, en saluant dimanche soir la prochaine constitution d'un nouveau gouvernement en Italie, a d'ailleurs souligné qu'elle continuerait à surveiller les réformes dans ce pays.

La mission de Mario Monti ne s'annonce donc pas comme une partie de plaisir.

Et Silvio Berlusconi, même s'il lui apporté son soutien à M. Monti et l'a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, reste en embuscade: "Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons", a-t-il confié à ses proches.

La liste des nouveaux ministres devrait être connue dans les prochains jours.