Les signes de ralentissement économique se multiplient au Royaume-Uni. Pour éviter un scénario catastrophe comme en Grèce, l’économiste Christophe André plaide pour une relance du secteur industriel, moyennant du temps.
Le plan d’austérité au Royaume Uni sera-t-il suffisant pour échapper à un scénario à la grecque ? Les allocations sociales diminuent, les droits d’inscription à l’université augmentent, près de 110 000 emplois dans le secteur public sont supprimés et pourtant le déficit public continue de battre des records : il devrait atteindre 11% du PIB cette année.
Résultat : plus de 10 000 personnes, notamment des étudiants mais aussi des chauffeurs de taxis et des électriciens, ont manifesté dans tout le pays mercredi 9 novembre pour infléchir les mesures d'austérité imposées par le gouvernement.
Seule donnée économique positive outre-Manche : la croissance, qui a progressé de 0,5% au troisième trimestre par rapport à l'an passé, après seulement +0,1% au deuxième trimestre. Mais pour Christophe André, économiste à l’OCDE, ce n’est pas une donnée significative. "La croissance sur l’ensemble de l’année devrait stagner, en restant sous la barre des 1%", précise-t-il sur l'antenne de France 24.
Exportations en berne
Comment le Royaume-Uni peut-il espérer relancer son économie stagnante ? Le Premier ministre conservateur David Cameron avait tablé sur une reprise des exportations pour compenser les effets sur l'emploi de son plan de rigueur draconien (qui prévoit la suppression de 400 000 emplois dans le public d’ici 2015).
"La stratégie gouvernementale est mise en péril par la crise de la dette chez ses partenaires européens, qui est en train de durement affecter l'économie britannique", note Christophe André. Le déficit commercial britannique s'est creusé en septembre à 11,4 milliards d'euros, soit plus de 900 millions d’euro de hausse par rapport au mois d'août. Cette semaine, le ministre des Finances George Osborne a demandé des actes de la part de la zone euro afin de circonscrire la crise de la dette, qui menace dangereusement de s'étendre.
Christophe André estime que, pour se relever, le pays ne doit plus miser sur le secteur financier, qui n’est plus voué à être le moteur de l’économie britannique. "C’était un secteur hypertrophié avant la crise, indique-t-il. Aujourd’hui, il devrait rester parmi les éléments moteurs. Mais il faut un rééquilibrage des différents secteurs de l’économie."
Les spécialistes préfèrent miser sur l'industrie. "Il faut reconstruire ce secteur qui a un rôle à jouer", estime Christophe André en faisant allusion notamment au secteur chimique et pharmaceutique. Et de préciser : "Après plusieurs années de surévaluation de la livre et de désindustrialisation, il faudra tout de même du temps pour relancer ce pan de l'économie."