Le président français a plaidé, jeudi, lors de la première journée du G20 à Cannes, en faveur d'une taxe sur les transactions financières pour financer le développement des pays pauvres. Certains pays du G20 y sont, pour l'heure, opposés.
REUTERS - Nicolas Sarkozy a confirmé jeudi sa volonté de constituer un "groupe de
pays leader" pour la mise en œuvre d'une taxe sur les transactions financières, même s'il a reconnu que certains pays du G20 y restaient fermement opposés.
Rendant compte des travaux de la première journée du sommet du G20 réuni à Cannes, le président français a indiqué que cette taxe, qui doit servir au financement du développement des pays les moins favorisés, était "financièrement indispensable compte tenu de la crise et moralement absolument incontournable".
"Il n'y a pas consensus, certains pays y sont très opposés", a-t-il ajouté, pour noter toutefois "avec une grande satisfaction les déclarations de la présidente brésilienne et de la présidente argentine indiquant qu'elles n'avaient aucune opposition au principe" de la taxe et qu'elles étaient très ouvertes sur le sujet.
"Nous allons donc continuer des contacts pour constituer un groupe de pays leader en la matière", a-t-il indiqué.
Seule parmi les grandes économies, l'Allemagne s'est déclarée prête à suivre la France pour la mise en oeuvre de cette taxe qui pourrait ainsi voir le jour au sein de la zone euro.
A l'issue d'un entretien avec Nicolas Sarkozy jeudi matin, le président américain Barack Obama a reconnu le bien fondé d'une contribution de la finance au règlement de la crise économique et financière internationale tout en estimant que chacun devait rester libre de ses modalités.
Dégâts irréparables
Chargé par Nicolas Sarkozy d'un rapport sur les financements innovants pour le développement, le fondateur de Microsoft Bill Gates, un des plus grands philanthropes de la planète, a pressé jeudi les pays du G20 de ne pas tailler dans leurs budgets d'aide malgré la crise.
Il les a invités en outre à faire preuve d'innovation en la matière en faisant valoir que l'argent investi dans les vaccins ou de nouvelles semences permettait de sauver des milliards de vies.
"L'importance du leadership du G20 est capitale, tout particulièrement en ces temps difficiles", a-t-il dit. "Le monde n'équilibrera pas ses comptes en réduisant ses aides, mais il infligera des dégâts irréparables à la stabilité globale, à la croissance de l'économie mondiale et à la subsistance de millions de pauvres".
Première personnalité privée invitée d'un sommet du G20, Bill Gates a proposé des taxes sur les transactions financières, sur le kérosène ou sur le fioul pour le transport maritime, ainsi que sur le tabac comme moyen de lever de nouvelles ressources destinées aux pays les plus pauvres.
Selon lui, une charge de dix points de base (0,1%) sur les actions et de deux points de base (0,02%) sur les obligations rapporterait 48 milliards de dollars annuellement dans les pays du G20 et neuf milliards si les seules grandes économies européennes la mettaient en place.
Il propose en outre que les fonds souverains investissent 1% de leurs actifs dans le financement d'infrastructures dans les pays les plus pauvres, ce qui permettrait de lever 100 milliards de dollars ou plus sur dix ans pour ce secteur.