Des combats ont de nouveau opposé des soldats soudanais aux ex-rebelles sudistes dans l'État du Nil Bleu (sud-est). Les forces armées soudanaises (SAF) se sont emparées de Kurmuk, principal bastion rebelle, après deux mois de violences.
AFP - L'armée soudanaise a pris le contrôle jeudi du bastion rebelle de Kurmuk dans l'Etat frontalier du Nil Bleu, ont indiqué le gouvernement et des sources rebelles, qui ont accusé Khartoum d'avoir fait usage d'armes chimiques.
"Les forces armées soudanaises (SAF) sont parvenues à repousser les rebelles hors de Kurmuk. Elles laissent derrière elles un grand nombre de morts et de blessés", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué publié sur son site internet.
Un porte-parole des rebelles a confirmé que l'armée était entrée dans la ville après de violents combats jeudi matin, mais a promis que les rebelles allaient se battre.
"La SPLA (Armée populaire de libération du Soudan, ex-rebelles sudistes ndlr) a quitté la ville parce qu'elle s'attendait à une attaque des SAF. Mais ils (les rebelles) sont dans de nombreux autres endroits du Nil Bleu. N'imaginez pas que l'entrée des SAF dans Kurmuk signifie la fin de la guerre ou la défaite de la SPLA. Ils vont combattre de nouveau", a déclaré Souleimane Osmane à l'AFP.
"Certains des blessés (rebelles) saignent étrangement des oreilles et du nez. J'ai parlé à l'un d'eux au téléphone et il était dans un mauvais état. Il semble que le gouvernement ait décidé d'utiliser des armes chimiques", a-t-il affirmé.
L'agence officielle soudanaise SUNA a affirmé que Kurmuk avait été "libérée" et l'ennemi "défait".
Les combats ont éclaté dans le Nil-Bleu début septembre entre l'armée soudanaise et les rebelles de la branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, branche politique du SPLA), moins de deux mois après l'indépendance de cet pays, alors que Khartoum cherchait à assoir son autorité à l'intérieur de ses nouvelles frontières.
Ils opposent l'armée aux rebelles restés fidèles au gouverneur élu Malik Agar, remplacé par le général Yahia Mohammed Kheir.
Le responsable rebelle Malik Agar est sain et sauf, a indiqué M. Osmane jeudi.
Kurmuk, très proche du Soudan du Sud, était un lieu clé de combats pendant le conflit dévastateur entre Khartoum et les rebelles sudistes entre 1983 et 2005.
Le 21 septembre, l'armée soudanaise avait affirmé avoir pris le contrôle "de la région de Dindiro, à 100 kilomètres au sud de Damazin, sur la route de Kurmuk".
La crise au Nil Bleu s'ajoute à celle du Kordofan-Sud, où des combats font rage depuis juin, ainsi qu'à celle du Darfour.
Le Kordofan-Sud et le Nil Bleu se trouvent juste au nord de la nouvelle frontière internationale du Soudan avec le Soudan du Sud. Les deux régions comptent de nombreux partisans et miliciens du SPLM-Nord.
Mardi, l'ONG américaine Enough Project qui milite pour la paix au Soudan a accusé les forces gouvernementales et leurs milices de tuer et de violer les civils dans l'Etat du Nil Bleu alors que les habitants fuient les violences et les bombardements dans cette région.
Ces informations ne peuvent être confirmées de manière indépendante, le gouvernement interdisant aux organisations humanitaires d'opérer dans la région.
Depuis le début des combats au Nil Bleu, près de 30.000 personnes ont fui en Ethiopie, selon le Haut commissariat de l'ONU.