Le gouvernement français appelle à trouver une réponse aux revendications des Mahorais qui manifestent depuis un mois contre la vie chère. Les négociations sur la baisse des prix des produits de première nécessité piétinent.
AFP - Mayotte, en proie depuis un mois à un mouvement social contre la vie chère avec barrages paralysant l'île et affrontements sporadiques, peine à sortir de cette situation qui préoccupe le gouvernement, les négociations sur une baisse de produits de première nécessité tardant à aboutir.
Lors du conseil des ministres thématique sur l'outre-mer, le chef de l'Etat a souhaité mercredi une "issue dans le dialogue" pour le dernier venu des DOM, territoire pauvre et à l'économie fragile situé dans l'archipel des Comores.
La ministre de l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard, a annoncé une prochaine réunion avec le Premier ministre, François Fillon, et le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, après les heurts de la veille dans le nord de l'île, avec usage de barres de fer, jets de galets et de cocktails molotov, une pratique nouvelle dans ce territoire.
"La situation est différente d'il y a une dizaine de jours où nous avions des manifestations de la population mais aujourd'hui les Mahorais aspirent à retrouver une vie normale et visiblement, le mouvement se radicalise, peut-être avec une centaine de jeunes. Nous sommes plutôt dans un schéma de violences urbaines", a estimé Mme Penchard.
De fait, les habitants de Grande-Terre voulant rejoindre Mamoudzou, chef lieu et centre névralgique de la vie économique, ont été nombreux à devoir rebrousser chemin face à des barrages érigés et tenus surtout par des adolescents.
Après les attaques contre les véhicules des forces de l'ordre et des pompiers, des témoins ont fait état du caillassage des voitures des particuliers et des dérapages verbaux à l'encontre des blancs, appelés "m'zungu" dans l'île.
Conséquence paradoxale, peu de manifestants étaient présents mercredi place de la République, lieu de rassemblement habituel. Les responsables de la CGT Mayotte et de la Cisma-CFDT, Salim Naouda et Boinali Saïd, ont assuré à l'AFP que les syndicats "n'étaient pour rien" dans l'érection de ces barrages qui commencent à exaspérer la population.
Le médiateur Stanislas Martin, spécialiste des prix et de la concurrence venu de Bercy, a continué mercredi ses consultations avec l'ensemble des parties, il doit revenir à Paris à la fin de la semaine et remettre son rapport "dans une dizaine de jours".
Les revendications des Mahorais, et tout particulièrement des "bouénis", ces mères de familles piliers de la société mahoraises, portent sur une baisse des prix de produits de première nécessité comme les sacs de riz et les emblématiques ailes de poulets ou "mabawas", plat favori des Mahorais, ou encore la bouteille de gaz qui permet de les cuisiner.
La crise risque de toucher durement ce territoire qui connaît déjà un taux de chômage de près de 18% et de plus de 30% chez les jeunes de moins de 25 ans.
Selon la Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi de Mayotte (Dieccte), citée par le site d'information Malongo, "57 entreprises ont mis 2.260 salariés en chômage partiel".
Les élus de tous bords planchent sur des initiatives en faveur des entreprises.
"Après avoir réglé les urgences, nous allons procéder d'ici le mois d'octobre (...) à un paiement de 15 millions d'euros de factures pour honorer des dettes datant de 2008, 2009 et 2010. Cela permettra d'améliorer de manière significative les trésoreries de toutes ces entreprises", a annoncé à la presse Daniel Zaïdani, le président DVG du Conseil général.