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La Banque d'Italie change de tête

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a nommé Ignazio Visco au poste de gouverneur de la Banque d'Italie qu'occupait jusqu'alors Mario Draghi. Une décision saluée par l'ensemble de la classe politique italienne.

AFP - Contre toute attente, Silvio Berlusconi a finalement décidé jeudi soir de nommer le vice-directeur général de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, pour remplacer Mario Draghi à la tête de l'institution après plusieurs semaines de bras de fer au sein du gouvernement.

A l'issue d'une journée de tractations, le chef du gouvernement a envoyé une lettre au conseil supérieur de la banque centrale lui proposant "la nomination d'Ignazio Visco au poste de gouverneur", a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

Cette décision est une surprise, M. Visco ne faisant pas partie des favoris pour succéder à M. Draghi, qui deviendra président de la Banque centrale Européenne (BCE) le 1er novembre.

Le conseil supérieur de la Banque d'Italie, qui a déjà jugé favorablement ce choix qui respecte sa volonté de continuité, devra rendre un avis consultatif sur la nomination de M. Visco avant qu'elle ne soit formellement entérinée par le président de la République, Giorgio Napolitano.

Né le 21 novembre 1949 à Naples (sud), M. Visco est vice-directeur général de la Banque d'Italie depuis 2007. Cet économiste, diplômé de l'université de Rome et de celle de Pennsylvanie, a fait l'essentiel de sa carrière à la Banque d'Italie. Il a été par ailleurs chef économiste de l'OCDE de 1997 à 2002.

Le choix du Cavaliere, qui a reçu M. Visco au siège du gouvernement à Rome, intervient après des semaines de bras de fer au sein du gouvernement sur cette nomination sensible en pleine crise de la zone euro.

Fabrizio Saccomanni, actuel numéro deux de la Banque d'Italie, dont la candidature avait été soutenue par M. Draghi, était le grand favori de la course au poste de gouverneur de l'institution et M. Berlusconi semblait s'être rallié initialement à sa nomination.

Mais ce choix se heurtait à l'opposition du ministre des Finances Giulio Tremonti et du leader de la Ligue du Nord et allié clef du Cavaliere, Umberto Bossi, qui soutenaient le directeur général du Trésor, Vittorio Grilli, un choix qui n'était pas du goût des dirigeants de la banque centrale qui le considéraient comme trop politique.

Face à l'impossibilité de débloquer la situation, la nomination d'un troisième homme, Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, avait été envisagée par M. Berlusconi avant que le choix ne se porte finalement sur M. Visco.

La nomination de M. Bini Smaghi aurait permis à ce dernier de trouver un point de chute alors qu'il s'est engagé en juin, selon des responsables européens, à quitter son poste au sein de la BCE pour laisser la place à un Français afin de lever un blocage qui menaçait d'empêcher la nomination de Mario Draghi à Francfort.

Alors que l'Italie est prise pour cible par les marchés, les milieux économiques et l'opposition de gauche ont vivement critiqué le retard pris par le gouvernement pour nommer le successeur de M. Draghi, qui a alimenté selon eux la méfiance d'investisseurs doutant déjà de la crédibilité du gouvernement.

La nomination de M. Visco, qui met fin à ces semaines de tensions, a été saluée par l'ensemble de la classe politique.

Pour le chef du Parti Démocrate (PD), Pier Luigi Bersani, ce choix répond "aux critères de compétences et d'autonomie" de la banque centrale. Mais M. Bersani a dénoncé l'"incapacité de Berlusconi à décider, ce qui a discrédité l'Italie".

"Tout est bien qui finit bien. Le choix de Berlusconi est de haute volée et assure la continuité" au sein de la Banque d'Italie, a souligné de son côté Fabrizio Cicchitto, chef de file des députés du PDL, le parti du Cavaliere.