À l’approche de l’élection de l’Assemblée constituante, l’ambiance n’est pas des plus sereines dans les rues de Tunis, où les habitants craignent des violences. Reportage de nos envoyés spéciaux.
À quelques jours de l’élection de l’Assemblée constituante tunisienne – première élection libre dans le pays –, le 23 octobre, l’inquiétude croît au sein de la population. À Tunis notamment, les habitants craignent que le scrutin n’engendre des violences.
Le gouvernement a eu beau mobiliser 11 000 policiers et militaires supplémentaires à l’approche de l’évènement et démentir les rumeurs d’instauration d’un couvre-feu le jour J, la population n’est pas rassurée pour autant. Les supermarchés sont pris d’assaut par des familles qui préfèrent faire le plein de provisions au cas où il y aurait une flambée de violence.
"Je suis en train de faire des provisions sur tout : pâtes, couscous, tomates... J’ai même pris des produits de nettoyage. Je n’ai plus besoin de sortir pendant des semaines", raconte ainsi Malika à FRANCE 24, en poussant un chariot rempli à ras bord à la sortie d’un magasin de Tunis. "Il y a quelque chose de vraiment nouveau qui arrive. On ne sait pas comment ça va se passer", ajoute-t-elle.
Une inquiétude diffuse qui fait également les affaires des sociétés de sécurité. En neuf mois, Guard and Total Security a vu son chiffre d’affaires exploser. Depuis le début de l’année, l’entreprise a embauché une centaine d’agents supplémentaires. "Avec la situation actuelle dans le pays, nous avons constaté une hausse de la surveillance des sièges de sociétés et des centres commerciaux. Certaines personnes souhaitent même sécuriser les abords de leurs maisons", témoigne Mnawar Bessyoud, directeur de Guard and Total Security.
Pour Mohamed Jouili, sociologue, ces réactions ne sont pas étonnantes. "Les évènements politiques récents peuvent être effrayants. Les gens vivent dans l’incertitude, il n’y a rien de stable qui puisse rassurer les Tunisiens, analyse-t-il. Il n’y a pas de plan politique clair… Les gens pensent que ça finira dans la violence et l’anarchie."
À l’issue du scrutin de dimanche prochain, un gouvernement provisoire devra être désigné, ce qui devrait apporter un peu de stabilité politique et d’apaisement à la population d’un pays en pleine construction démocratique.