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Jour 1, Point-à-Pitre : rencontre à un barrage

Envoyé spécial aux Antilles – En tournage en Martinique, Willy Bracciano et Eve Irvine apprennent que ça chauffe sur l'île voisine, Guadeloupe. Ils prennent le premier avion.

Matin - de la Martinique à la Guadeloupe

Des coups de fusil, des voitures incendiées, des affrontements avec les forces de l’ordre…voici les nouvelles qui nous parviennent de la Guadeloupe, l’île voisine de la Martinique.

Nous sommes en train de faire un reportage en Martinique sur la crise sociale dans les Antilles, mais c’est en Guadeloupe que tout a démarré et maintenant ça chauffe ! Nous prenons le premier avion pour Pointe-à-Pitre, la ville principale de Guadeloupe.

Arrivée à Pointe-à-Pitre - barrages, voitures calcinées

A notre arrivée, un aéroport désert. Une demi-heure d’attente devant le local de location de voitures. Les employés ont eu du mal ce matin à se rendre sur leur lieu de travail car des barrages bloquent les routes.

C’est en slalomant entre les poubelles, les carcasses de voitures calcinées, les réfrigérateurs usagés, les ordures et les troncs d’arbres que nous gagnions Pointe-à-Pitre. Trente minutes pour un trajet qui habituellement n’en requiert que dix.

Pointe-à-Pitre est une ville morte. Tous les rideaux sont baissés, lorsqu’ils n’ont pas été éventrés pendant la nuit par des casseurs et des pillards.

Triste spectacle. La désolation s’exprime sur le visage des Pointois qui ne s’expliquent pas cette montée de violence et surtout la mort par balle de Jacques Bino, un syndicaliste qui rentrait tranquillement chez lui après une réunion syndicale. Il a eu la malchance de traverser la cité Henri IV (cité populaire de Pointe-à-Pitre), au moment où une altercation éclata entre policiers et jeunes.

Une marche silence lui rend hommage. Des milliers de personnes sont présentes.

Soir - rencontre à un barrage dans la zone industrielle de Jarry

Nous décidons d’arpenter les rues de Pointe-à-Pitre et sa périphérie. Dans la zone industrielle de Jarry (poumon économique de la Guadeloupe), un escadron de gendarmes se prépare pour une nuit de contrôle voir d’interpellations.

Sur notre route, des barrages en feu, des camions de pompiers et plus loin ces jeunes qui nous arrêtent à un barrage. Ils n’ont pas plus de 30 ans.

D’abord, ils veulent de l’argent pour nous laisser continuer notre route. Nous refusons. Quelques échanges en créole (langue locale) puis nous déclinons notre identité.

Apprenant que nous sommes journalistes, ils se calment et nous ont invitent à venir discuter avec eux. L’objectif étant clair : faire passer leur revendications devant notre caméra.

Dans ce rond point de la ville des Abymes qu’ils bloquent…des objets brûlent.

Et ces jeunes hommes qui témoignaient le visage masqué, disent se reconnaître dans LKP, le collectif contre la vie chère qui mène la grève en Guadeloupe.

Ce soir-là, ils seront indulgents avec tous les automobilistes qui se présentent au barrage. Etait-ce à cause de notre caméra ? Quoi qu’il en soit, ils sont prêts à en découdre avec les forces de l’ordre, responsables, selon eux de leur présence sur ce barrage depuis que ces derniers ont délogé par la force lundi, les militants de LKP qui avaient érigé des barrages.

Cette nuit a été plus calme que la précédente sauf à Gosier, où les gendarmes ont essuyé des tirs et à Sainte Rose où la mairie a été envahie par des jeunes.