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L'attaque contre une mosquée en Galilée, "un cas isolé"

L'attaque perpétrée lundi contre une mosquée du Nord d'Israël n'est pas la première du genre. Acte de vengeance concerté ? Frédéric Encel, spécialiste de la géopolitique du Proche-Orient, apporte un élément de réponse.

"Je me sens tout honteux devant ce geste exécrable", a déclaré le président israélien Shimon Pérès, lors de la visite de la mosquée qui a été incendiée lundi dans un village bédouin du nord d'Israël.

L’attaque attribuée à des extrémistes israéliens a suscité indignation et colère dans la sphère politique et l’opinion publique. Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a évoqué quant à lui "des images choquantes et indignes de l’État d’Israël".

Les incendiaires avaient inscrit sur les murs des slogans vengeurs en hébreu. Systématiquement dénoncés par les autorités israéliennes, ces actes visant des lieux de culte musulman et des édifices appartenant à des Arabes se sont multipliés ces dernières semaines. Le 9 septembre, des inconnus ont tagué "Mort aux Arabes" et des propos insultant le prophète Mahomet sur une autre mosquée ainsi que sur les murs de l'université de Birzeit près de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Des enquêtes ont été ouvertes et, dans certains cas, des suspects interpellés. Mais pour l’heure, aucune condamnation n’a été prononcée. Certains observateurs semblent penser qu’il s’agirait d’un mouvement organisé visant les Arabes israéliens et les Palestiniens. Enseignant à Sciences Po-Paris, Frédéric Encel pense qu'il s'agit plutôt de cas isolés.

FRANCE 24 - La multiplication d’attaques visant des Arabes israéliens ou des Palestiniens est-elle le résultat d'un mouvement organisé ?

Frédéric Encel - Non, je ne le pense pas. Il s’agit à mon avis plutôt de cas isolés. Les auteurs sont des extrémistes, ils ne visent pas uniquement leurs concitoyens arabes, mais aussi parfois d’autres juifs. On se souvient notamment de l’assassinat de Yitzhak Rabin, perpétré par un extrémiste israélien.

Par ailleurs, il est très rare que les Bédouins soient ciblés, la précédente attaque les visant date de 2001. Il ne faut pas oublier que les Bédouins font leur service militaire en Israël, et sont, en général, affectés aux frontières où ils doivent contenir des attaques palestiniennes.

F24 - Ces actes auraient-ils un lien avec la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU ?

F. E. - C’est assez peu probable. Ce qui s’est passé lundi me semble assez exceptionnel. Les ultra-nationalistes n’ont pas grand intérêt à chercher des noises à leurs concitoyens.

D’ailleurs, l’attaque de lundi n’est pas liée aux précédentes. Il faut bien la distinguer des agressions en Cisjordanie. La situation y est très différente, notamment à Ramallah, où il y a une confrontation directe entre l’Autorité palestinienne et les habitants des colonies avoisinantes. Là, on peut voir des actes de provocation.

Mais, la justice israélienne mène en général des enquêtes très sérieuses après ce genre d’acte. Si aucune condamnation n’a été prononcée, c’est parce que les faits sont trop récents.

F24 - Doit-on craindre que ces attaques n'entravent le processus de paix ?

F. E. - En 1993, les accords d’Oslo ont été suivis par une vague de violents attentats perpétrés par le Hamas, cela n’a pas empêché Rabin de poursuivre les efforts de paix. Idem, côté palestinien. Arafat en son temps a toujours poursuivi les négociations malgré les attaques d’Israéliens contre des Palestiniens. Par ailleurs, le Hamas n’a pas besoin de provocation pour commettre des attentats contre Israël.