
À la suite de la victoire de la gauche aux élections sénatoriales, Jean-Pierre Bel a été élu président du Sénat. Il devient ainsi le premier sénateur de gauche à accéder à cette fonction sous la Ve République.
AFP - Jean-Pierre Bel, un élu ariégeois de 59 ans, jusque-là inconnu du grand public, a été élu samedi par ses pairs, premier président socialiste de l'histoire du Sénat et deuxième personnage de la République.
Président du groupe socialiste du Sénat depuis 2004, il a fait irruption sur le devant de la scène avec le basculement inédit à gauche de la deuxième chambre du Parlement lors du renouvellement sénatorial de dimanche dernier.
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A sept mois de la présidentielle, ce basculement du Sénat résonne comme un mauvais signal pour le président Nicolas Sarkozy et cette élection inaugure une nouvelle forme de cohabitation.
Candidat unique de la nouvelle majorité sénatoriale PS, PCF, PRG, EELV, il a été élu dès le premier tour par 179 voix, contre 134 voix pour le président UMP sortant, Gérard Larcher, et 29 voix pour l'ancienne secrétaire d'Etat de François Fillon, Valérie Létard, candidate sous les couleurs centristes. Jean-Pierre Bel a obtenu 7 voix de plus que la majorité absolue des suffrages exprimés lors du vote individuel et secret à la tribune.
Dès l'annonce du résultat par le doyen du Sénat, Paul Vergès, 86 ans, président du Parti communiste réunionais, les sénateurs de la nouvelle majorité de gauche se sont levés pour applaudir, les élus dans les rangs de la droite applaudissant également.
Jean-Pierre Bel est ensuite monté à la tribune pour prononcer sa première allocution de président, après avoir reçu les félications de son prédécéesseur Gérard Larcher au pied de la tribune.
"Nous avons entendu aussi la colère profonde" de la République des territoires" pour "avoir été stigmatisés, désorientés, peut-être aussi abandonnés face à leurs immenses difficultés", a-t-il lancé. Il a annoncé la convocation "rapidement" d'états généraux des élus locaux.
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La voix étranglée d'émotion, il a rendu hommage à sa famille, résistante et communiste, et à sa région du Sud-Ouest.
"Nous ne serons pas, ici, dans je ne sais quel bastion", "je ne serai jamais là pour servir un clan ou une clientèle: je veux, toujours, me tourner vers l'intérêt collectif", a promis le sixième président du Sénat depuis le début de la Ve République. Il a appelé à un "bicamérisme rénové dans lequel l'opposition sera respectée".
Il a salué en retour Gérard Larcher, ainsi que l'ancien président UMP du Sénat Christian Poncelet. Prônant une "rénovation démocratique", il a souhaité, pour "changer le Sénat", "plus de transparence, plus de modestie", annonçant un groupe de travail avec un "calendrier resserré".
En 2008, Gérard Larcher avait été élu au premier tour par 173 voix contre 134 voix à Jean-Pierre Bel, à l'issue d'une primaire à l'UMP qu'il avait remportée contre Jean-Pierre Raffarin. Le sénateur-maire de Rambouillet aura fait le plus court mandat -trois ans- de président du Sénat sous la Ve République.
La première tâche du nouveau président sera de s'atteler à la nouvelle gouvernance du Sénat, un chantier peu aisé vu l'étroitesse de sa majorité, 177 élus, soit deux de plus que la majorité absolue. Aucun groupe politique ne la détient à lui seul.
Il s'est déclaré favorable à l'abaissement du seuil de constitution des groupes de 15 à 10 sénateurs, comme le revendiquent les 10 sénateurs EELV. Cela pourrait permettre au RDSE (à majorité PRG), qui comptait 16 membres de survivre au départ de ses trois sénateurs de droite, dont Jean-Marie Bockel (GM), qui ont rejoint le groupe centriste.
Il mettra également en ordre de bataille le groupe PS avec un nouveau président qui devrait être le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen.