
Le procès de l'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko a été ajourné au 11 octobre. Incarcérée depuis le 5 août pour abus de pouvoir, l'ex-Premier ministre devrait être fixée sur son sort peu après la reprise des débats.
AFP - Le tribunal de Kiev a mis vendredi en délibéré au 11 octobre le jugement du procès pour abus de pouvoir de l'opposante et ancien Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko, contre laquelle ont été requis sept ans de prison malgré les avertissements de l'UE.
"Le tribunal va délibérer jusqu'au 11 octobre", a déclaré le juge Rodion Kireev. Il énoncera ensuite le jugement.
Au moment où il prononçait ces mots, des partisans de Mme Timochenko dans la salle d'audience ont scandé "Honte! Honte!". Et Mme Timochenko a crié "Gloire à l'Ukraine!".
L'égérie de la Révolution orange pro-occidentale de 2004 avait demandé auparavant au juge de lui accorder une demi-journée pour préparer les derniers mots qu'elle devait prononcer devant le tribunal, mais celui-ci a refusé.
A l'issue du procès entamé le 24 juin, le parquet a requis sept ans de prison contre Mme Timochenko, incarcérée depuis le 5 août. La défense a plaidé la relaxe, dénonçant un procès "politique" en l'absence de tout délit.
L'ex-Premier ministre est jugée pour avoir signé en 2009, sans l'autorisation du gouvernement qu'elle dirigeait, des accords gaziers avec la Russie considérés comme défavorables à son pays.
Au cours de sa dernière intervention à l'audience de vendredi, Mme Timochenko s'en est prise vivement au président Viktor Ianoukovitch, qu'elle accuse de vouloir l'écarter de la scène politique.
"Le jugement montrera si Ianoukovitch veut vraiment l'intégration européenne de l'Ukraine", a déclaré Mme Timochenko.
"Dans l'hypothèse d'une condamnation prononcée en dépit de l'absurdité évidente de cette affaire, ce sera la preuve à cent pour cent que Ianoukovitch ne veut sciemment pas voir l'Ukraine dans la famille européenne", a-t-elle estimé.
"Ce qui se passe ici est un parfait exemple de la dictature en Ukraine", a poursuivi Mme Timochenko, accusant les procureurs d'être des "bourreaux" ayant eu ordre de "lyncher et torturer une opposante politique".
Ces déclarations sont intervenues alors que le président Ianoukovitch participait en Pologne à un sommet sur le Partenariat oriental de l'Union européenne.
L'UE a souligné qu'il s'agissait d'une "affaire grave" qui pourrait avoir des conséquences sur des négociations commerciales en cours avec Kiev.
"Nous avons exprimé notre préoccupation au sujet du sort réservé à l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko et nous avons rejeté toute éventuelle utilisation sélective du code pénal à l'encontre des membres de l'ancienne administration" ukrainienne, a déclaré le président de l'UE, Herman Van Rompuy, devant des journalistes à Varsovie.
L'UE a accentué ces derniers jours la pression sur Kiev pour demander la remise en liberté de Mme Timochenko et lié la conclusion d'un accord d'association avec l'Ukraine à une issue du procès respectueuse des principes démocratiques.