Au lendemain du premier discours télévisé du président Saleh depuis son retour à Sanaa (photo), des milliers de manifestants sont descendus dans les rues. L'opposition accuse le président yéménite de vouloir s'accrocher au pouvoir.
AFP - L'opposition yéménite a accusé le président Ali Abdallah Saleh de chercher à se dérober à un transfert de pouvoir réclamé par les protestataires qui ont manifesté par dizaines de milliers lundi à Sanaa.
Le chef de l'Etat contesté a affirmé dans un discours dimanche soir qu'il était prêt à une transition du pouvoir, conformément à l'initiative des monarchies du Golfe, mais par le biais d'élections anticipées.
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Or l'initiative des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG, dont le chef de file est l'Arabie saoudite) prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission de M. Saleh en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches.
"Après ce discours du président, il n'y a plus aucun moyen de parvenir à une solution politique et la révolution va s'intensifier", a déclaré à l'AFP Mohammad Qahtan, porte-parole du Forum commun qui regroupe les partis de l'opposition parlementaire.
"Saleh a montré dans son discours qu'il était toujours accroché au pouvoir, et qu'il refusait l'initiative des pays arabes du Golfe prévoyant un transfert du pouvoir", a-t-il ajouté.
Pour sa part, Walid al-Aamari, un des dirigeants des "Jeunes de la révolution" qui animent la contestation populaire, a affirmé que "les jeunes n'acceptent pas" l'offre du président et qu'ils "poursuivront leur mouvement de protestation jusqu'à la réalisation de leurs objectifs".
Deux manifestations séparées, l'une regroupant des hommes et l'autre des femmes, ont défilé lundi Sanaa, scandant à l'adresse de M. Saleh: "Boucher, nous ne baisserons pas les bras", selon le correspondant de l'AFP.
Les deux manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, se sont déroulées sans incident, les manifestants demeurant dans le secteur contrôlé par les unités de l'armée ralliées à la contestation.
A Aden (sud), des milliers de manifestants ont défilé en soirée pour réclamer la chute du régime et des poursuites judiciaires contre "les auteurs des crimes" à Sanaa, tout en dénonçant "le silence international face à ces crimes", selon un correspondant de l'AFP.
Dans la capitale, des combats entre les unités militaire fidèles au président et les militaires dissidents ont fait 173 morts en une semaine avant de s'interrompre samedi.
Alors que les opposants manifestaient, les forces fidèles à M. Saleh organisaient une parade militaire dans une caserne de Sanaa, à l'occasion de l'anniversaire de la révolution du 26 septembre 1962 qui a renversé l'imamat et instauré la république.
En outre, des tribus hostiles au chef de l'Etat ont attaqué dans la nuit une base de la Garde républicaine à Nahem (60 km au nord de Sanaa), tuant un général et prenant trente militaires en otages, selon des sources officielles et tribales.
Le général Abdallah Al-Kuleibi, commandant de la 63ème brigade de la Garde républicaine, a été tué dans "l'attaque par les tribus de la région contre la base" de cette unité d'élite à Nahem, selon un communiqué du ministère de la Défense qui, cité en soirée par la télévion d'Etat, a fait de "lourdes pertes" chez les assaillants.
Quatre combattants tribaux ont été tués et au moins vingt autres blessés dans cet assaut, ont indiqué des sources tribales selon lesquelles les combattants tribaux ont pris en otages trente militaires en se retirant de la base.
Nahem fait partie d'une série de localités qui commandent l'accès nord à Sanaa et la région abrite au moins cinq bases de la Garde républicaine, dirigée par Ahmed Saleh, fils aîné du président yéménite.
Le déploiement de la Garde républicaine dans les régions au nord de Sanaa empêche le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, commandant de la première division blindée, de faire la jonction entre ses troupes qui contrôlent une partie de Sanaa et celles qui tiennent les régions nord du pays.