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Les autorités boliviennes sont intervenus dimanche pour empêcher que le rassemblement d'Indiens amazoniens protestant contre un projet routier ne vire à l'affrontement avec des contre-manifestants alliés du gouvernement central.

AFP - La police bolivienne a dispersé dimanche une marche d'un millier d'Indiens amazoniens opposés à un projet routier et a démantelé un barrage de contre-manifestants à proximité, désamorçant un risque d'affrontement entre les deux groupes.

Plusieurs personnes ont été blessées lorsque la police a utilisé des gaz lacrymogènes en fin d'après-midi pour déloger les indigènes, parmi lesquels des femmes et enfants, qui campaient au village de Yucumo (nord-est), et les embarquer dans des cars vers la ville de San Borja, à 55 km.

L'AFP a vu plusieurs indigènes avec des blessures apparemment superficielles au visage conduits vers les cars.

La police a fait état de "deux indigènes blessés" et de plusieurs policiers souffrant également de blessures légères, ou de contusions.

Des médias locaux ont évoqué des arrestations lors de l'intervention, mais la police a démenti.

Une religieuse et défenseuse des droits de l'Homme, Maria Carvajal, prise au coeur de l'intervention, a dénoncé sa "violence extrême". "Je ne pouvais pas croire ce qui se passait", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Il y avait des blessés (...) une femme cherchait son bébé".

La police a aussi démantelé de contre-manifestants, des paysans indiens cultivateurs de coca, alliés du gouvernement, et qui entendaient barrer la route aux marcheurs indiens.

La perspective de violences impliquant des indigènes représentait un fort risque politique pour le président Evo Morales, le premier président amérindien de Bolivie, et défenseur autoproclamé des droits indigènes.

La tension à Yucumo a fait accourir ces derniers jours des médias internationaux, des défenseurs des droits de l'Homme, et des politiciens d'opposition dans ce village amazonien poussiéreux.

Les marcheurs indiens étaient partis mi-août de Trinidad (nord) pour la capitale La Paz, à 600 km. Ils dénoncent un projet de route à travers un parc naturel, le Tipnis, qui est aussi terre ancestrale de 50.000 indiens moxenos, yurakarés et chimanes, trois d'une myriade d'ethnies en Bolivie.

Ils sont arrivés samedi à Yucumo, à 320 km de leur but, après une journée de tensions, qui les a vus forcer un barrage de police et retenir plusieurs heures un ministre venu en médiateur, le forçant à cheminer avec eux pendant sept km. Quatre policiers avaient été blessés.

Dans une tentative de désamorcer la tension dimanche, le président Morales avait transmis une invitation à une délégation des marcheurs pour venir à La Paz le soir même dialoguer avec lui à la présidence.

Le chef de l'Etat, selon qui la route à travers le Tipnis n'est rejetée que par une minorité, a aussi annoncé un référendum dans les provinces de Beni et Cochabamba, que doit relier l'axe routier de 300 km.

"S'ils disent oui, on fera une étude pour voir le tracé le plus faisable, direct, et qui n'endommage pas l'environnement", a-t-il déclaré.

Au-delà de la controverse, la marche est devenue un embarras croissant pour Morales, car outre l'écho médiatique et le risque de violences, elle a commencé à cristalliser le soutien d'opposants ou d'ex-alliés critiques du pouvoir.

Un ex-ministre de Morales qui s'est joint aux marcheurs, Alejandro Almaraz, a affirmé dimanche soir sur la radio Erbol que nombre d'entre eux ont échappé à la police et "continueront leur marche sur La Paz, via la montagne".

La chef de délégation de l'ONU en Bolive, Yoriko Yasukawa, a "profondément déploré les violences" de dimanche et appelé les autorités à "cesser toute violence et protéger les gens".
 

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