Lors de son premier discours télévisé depuis son retour à Sanaa, le président yéménite a affirmé être disposé à accepter de rendre le pouvoir après la tenue d'élections. Ali Abdallah Saleh a toujours refusé de démissionner.
AFP - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a affirmé dimanche qu'il était prêt à une transition conformément à l'initiative des monarchies du Golfe mais par des élections dans son pays où la contestation de son régime est réprimée dans le sang.
Les forces qui lui sont fidèles ont dispersé par la force une manifestation dimanche à Sanaa, où une trêve précaire était observée entre unités militaires rivales.
"Nous avons parlé à maintes reprises d'une transition pacifique du pouvoir, à travers les urnes", a déclaré M. Saleh en invitant l'opposition parlementaire au dialogue avec le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, officiellement mandaté pour négocier et signer le plan du Golfe pour une sortie de crise.
M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé de corruption et de népotisme, a toujours refusé, malgré les pressions régionales et internationales, de signer lui-même le plan du Golfe, qui prévoit sa démission en échange d'une immunité.
A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé samedi soir toutes les parties à "rejeter la violence, y compris contre des civils pacifiques et désarmés" et a demandé un "processus de transition démocratique".
La porte-parole du Département d'Etat, Victoria Nuland, a exhorté "le président Saleh à entamer un transfert complet du pouvoir sans retard et à organiser des élections présidentielles avant la fin de l'année dans le cadre de l'initative du Conseil de coopération du Golfe" (CCG).
itM. Saleh a fait son premier discours télévisé depuis son retour surprise vendredi à Sanaa, après une absence de plus de trois mois pour des soins en Arabie saoudite où il avait été hospitalisé le 4 juin au lendemain d'une attaque contre son palais.
Il a affirmé dans ce contexte qu'il était "en bonne santé" mais qu'il allait "poursuivre les soins et la rééducation durant les prochains mois", sans préciser dans quel pays.
Les combats entre les troupes qui lui sont fidèles, notamment la garde républicaine, et les militaires ralliés au mouvement de contestation, ainsi qu'entre tribus loyales et hostiles au chef de l'Etat, ont fait 173 morts (bien 173) depuis leur déclenchement il y a une semaine à Sanaa.
Les armes se sont tues samedi après-midi mais les forces militaires rivales étaient toujours fortement déployées dimanche à Sanaa, en dépit de l'ordre lancé par M. Saleh de retirer tous les militaires et dissidents armés des rues de la capitale, selon un correspondant de l'AFP.
Des dizaines de milliers de jeunes ont profité de l'arrêt des combats pour organiser dimanche une manifestation visant à réclamer la traduction en justice de M. Saleh.
"Liberté, Liberté", "le peuple veut la traduction en justice du boucher", répétaient les manifestants qui s'étaient ébranlés de la Place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, où des jeunes réclamant le départ de M. Saleh campent depuis huit mois.
L'un des meneurs de la manifestation, qui se trouvait sur une camionnette à l'avant du cortège et répétait des slogans dans un haut-parleur, a été grièvement touché d'une balle à la tête.
Sa mort a été un moment annoncée, mais "c'est une mort clinique" selon une source médicale.
Dix-sept autres manifestants ont été blessés et la manifestation s'est dispersée, selon le correspondant de l'AFP.
A Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa), trois hommes, dont deux combattants tribaux, ont été tués lors d'affrontements entre des tribus hostiles à M. Saleh et les forces militaires qui lui sont fidèles, selon des sources tribales et médicales.
En outre, un soldat a été tué et quatre militaires, dont un officier, blessés dans une attaque contre leur véhicule dans un quartier de l'ouest de Taëz, selon des témoins.
La garde républicaine, commandée par Ahmed, fils aîné de M. Saleh, a renforcé ses positions dans cette ville, l'une des premières à s'être soulevées contre le chef de l'Etat en janvier, et déployé des armes lourdes sur les collines entourant Taëz, selon des habitants.