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À Paris, le Grand Palais a ouvert, ce 14 septembre, les portes de son exposition "Des jouets et des hommes". De la poupée antique au dernier robot japonais, un millier de jouets retracent le parcours de ces objets pas comme les autres.

"Oh, il est moche !", s’étonne une fillette en regardant Mr Atomic, un des tout premiers robots-jouets fabriqué au Japon en 1950. C’est vrai qu’avec sa forme d’œuf et sa tête pleine de boutons, Mr Atomic n’a pas très bien vieilli. L’exposition thématique réalisée par Bruno Girveau et Dorothée Charles raconte ces évolutions incessantes des jouets au travers des générations.

Dans les couloirs , les visiteurs semblent guetter un objet familier. Les plus petits se pressent vers les grandes maisons Playmobil et les consoles de jeu Nintendo, les plus âgés s’arrêtent longuement sur les détails d’une dînette en porcelaine datant du début du XXe siècle. "Mais comment ont-ils fait pour garder ces objets en si bon état ? Dans ma famille, ils ont tous été jetés ou perdus. C’est vraiment génial de retrouver tout ça ici !" se réjouit Sylviane, nostalgique sexagénaire.

Le jouet, emblème d’une société de consommation
Christelle est venue avec son mari et ses deux enfants, Capucine, 3 ans, et Mathieu, 5 ans. "Ce qui m’impressionne c’est l’évolution. Autrefois, on recevait un jouet, souvent en bois, on y jouait pendant des années et on savait en profiter. Ici, j’ai pu revoir avec émotion mon premier chien à promener en laisse. Aujourd’hui, c’est la profusion et le marketing qui ont pris le dessus."
Derrière elle trône la photo d’un jeune Asiatique dans sa chambre, assis sur un sol jonché de centaines de jouets bleus. À côté, une jeune fille en tutu, elle aussi asiatique, prend la même pose devant d'innombrables jouets... tous roses cette fois-ci. Tous sont estampillés du nom de marques bien connus, parmi lesquels le Hello Kitty japonais.
Dans l’Antiquité, les jouets avaient, avant tout, une fonction. Ils faisaient partie intégrante de la formation de l’enfant et devaient permettre de développer son adresse ainsi que sa force physique. Pendant le Siècle des Lumières, l’activité ludique est perçue comme un vecteur d'acquisition de nouvelles connaissances. Puis au début du XXe siècle, la société commence à associer les jouets aux héros de livres ou de bandes dessinées comme Le Petit Chaperon Rouge, Bécassine ou Babar. Autant de personnages que les enfants voudront s’approprier.
Au milieu du siècle cependant, le développement des médias de masse, notamment le cinéma et la télévision, bouleverse l’industrie du jouet. À l’instar de Disney, les entreprises du divertissement développent une multitude de produits dérivés de leurs personnages phares. Teletubbies, Pokemon... Les jouets sont aujourd’hui envisagés comme des biens de consommation et sont produits en quantité industrielle.
Les jouets ont-ils un sexe ?
Découvrir l’histoire des jouets, c’est aussi réaliser combien le monde de l’enfance est resté une projection du monde des adultes. Depuis l’Antiquité, les figurines féminines préparent les filles à la maternité, puis les poupées permettront d’imiter le pouponnage. La dînette en est un parfait exemple : à travers toutes sortes d’ustensiles miniatures, les fillettes sont invitées à s’occuper de leur intérieur et, ainsi, à reproduire les activités de leur mère. Les garçons sont quant à eux sommés de s’endurcir grâce à des jouets aux fonctions guerrières, genre soldats de la trempe d'un "GI Joe". Par les avions, les trains électriques, mais aussi les soucoupes volantes, les petites têtes blondes sont également incités à explorer le monde ou des terres inconnues.
Devant ces stéréotypes reproduits au fil des années, le public est amené à s’interroger sur la part de mimétisme et la part de création dans l’usage que font les enfants de ces objets.
Les installations animées du directeur artistique Pierrick Sorin, qui parsèment l’exposition, apportent quelques éléments de réponse. Sur l’une d’entre elle, un Père Noël se fait bombarder de cadeaux et ce pour le plus grand plaisir d’un jeune public hilare. Plus loin, dans une vitrine animée un pompier miniature met le feu à une caserne. Une façon de montrer qu’un jouet est avant tout le produit de l’imagination de celui qui l’a entre les mains et que lenfant garde un infini pouvoir d’interprétation.
L’exposition "Des jouets et des hommes" se tient au Grand Palais du 14 septembre 2011 au 23 janvier 2012.

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