Moody’s a abaissé d’un cran la note de la Société Générale et du Crédit Agricole, ce mercredi. Une décision sans réelles répercussions sur les marchés qui s’y attendaient. Mais ces banques se retrouvent fragilisées face à leurs concurrents.
Chose promise, chose due. Le 15 juin dernier, Moody’s avait prévenu qu’elle risquait d’abaisser la note à long terme de trois banques françaises à cause de leur exposition à la dette souveraine grecque. C’est désormais chose faite ce mercredi : la Société Générale et le Crédit Agricole ont été sanctionnées, voyant leurs notes dégradées respectivement de Aa2 à Aa3 et de Aa1 à Aa2. Si BNP Paribas a eu plus de chance - sa note reste inchangée -, l’établissement est toutefois toujours placé sous surveillance, Moody’s ayant reconduit sa perspective négative.
La rumeur circulant déjà dans les milieux financiers depuis dimanche dernier, l’annonce de Moody’s n’a eu que peu de répercussion sur les marchés financiers ce mercredi. En milieu de matinée, le cours de l’action de la Société Générale ne perdait ainsi que 3,55 %, tandis que celui du Crédit Agricole était orienté à la hausse : + 1,55 %. Peu après l’ouverture de Wall Street mercredi après-midi, l’action de la Société Générale connaissait cependant une chute soudaine de 8% à Paris sans pour autant que cette nouvelle baisse puisse être attribuée à la dégradation de la note de la banque française. Le blog spécialisé dans la Bourse Zerohedge souligne même que cette nouvelle dégringolade "ne semble liée à aucune information en particulier".
La nouvelle de cette dégradation avait été, en fait, anticipée sur les places boursières en début de semaine : lundi, les trois banques avaient vu leurs cours dégringoler, perdant en une seule journée environ 10 % de leur valeur boursière.
Si la décision de Moody’s n’a pas eu de conséquences importantes sur les places financières aujourd’hui, elle a toutefois fait ressurgir le débat sur la pertinence du jugement des agences de notation. "Les banques françaises sont solides", a voulu rassurer Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement et ministre du Budget, avant d’assurer qu’elles n’avaient "ni problème de capitalisation, ni problème de solvabilité, ni problème de liquidité".
"Je ne comprends pas la décision de Moody’s qui ne se base que sur des pertes latentes et non pas réelles", renchérit Pascal de Lima, professeur d’économie à Sciences Po - Paris et économiste en chef pour Altran, une société de conseils en finance qui compte plusieurs banques françaises parmi ses clients.
"Prophétie autoréalisatrice"
"Certes, leur exposition à la dette grecque est supérieure en valeur absolue [un peu plus de 3 milliards d’euros, NDLR] à celles de banques d’autres pays européens, mais elle ne représente, en fait, qu’une toute petite part de leurs actifs", reprend celui-ci. Leurs investissements en Grèce ne représentent en effet que 0,12 % de l’ensemble de leurs placements. "Un défaut de paiement de la Grèce ne les mettrait donc pas en difficulté financière", poursuit Pascal de Lima.
La dégradation de la note de la Société Générale et du Crédit Agricole constitue cependant une mauvaise nouvelle pour les deux banques : pointées du doigt, elles vont dorénavant avoir davantage de difficultés à lever des fonds sur les marchés qui tiennent compte de la note de chaque entreprise lorsqu’ils fixent les taux d’intérêt qu’ils leur appliquent. "C’est la fameuse théorie de la prophétie autoréalisatrice", explique Pascal de Lima. Avec, à terme, le risque, pour ces établissements "de se faire racheter par des concurrents", conclut l’économiste.