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Jacques Chirac n'assistera pas à son procès

Le tribunal a accepté que Jacques Chirac soit "jugé en son absence" lors du procès des emplois fictifs de la Ville de Paris, accédant à la requête de la défense qui demandait que l'ex-président soit dispensé de comparution pour raisons de santé.

C’est donc en l’absence du principal intéressé, Jacques Chirac, que se poursuivra le procès des emplois fictifs présumés de la Ville de Paris. L’ancien président sera représenté par ses avocats, la justice ne l’entendra donc jamais. Ainsi en a décidé, après 1h30 de délibérations, le président de la XIe chambre correctionnel de Paris, Dominique Pauthe qui a accepté l’excuse médicale pour troubles de mémoire de l’ancien chef de l’État. "La comparution personnelle ne sera pas ordonnée", a-t-il déclaré.

La requête de l’ancien président d'être dispensé de comparution avait été approuvée un peu plus tôt ce lundi par le parquet de Paris, au premier jour d’audience. Le procureur Michel Maes avait en effet demandé au tribunal "d’accepter" que Jacques Chirac soit absent.

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"nul doute que les débats auront moins de saveur"
Jacques Chirac n'assistera pas à son procès

"Ce sera donc un procès Chirac… sans Chirac et c’est évidemment une victoire pour les avocats de la défense", commente Pauline Paccard, envoyée spéciale de FRANCE 24. "Et par voie de conséquence, il n’y aura pas non plus de contre-expertise médicale." L’annonce est - sans surprise - mal digérée par la principale partie civile, l’association anti-corruption Anticor qui avait appelé ce lundi à une nouvelle évaluation médicale "totalement transparente". À l’énoncé de la décision, son avocat a condamné la "dérobade" de l’ancien président.

Une absence, un handicap ?

A propos de la "recevabilité" de la partie civile au procès

Outre sa décision concernant la présence de l’ancien chef de l’État, le tribunal devait également statuer ce lundi sur le droit de l'association Anticor de se porter partie civile. Mais le président de la cour a décidé de reporter sa décision jusqu'à l'issue du procès. La défense de Jacques Chirac a immédiatement contesté la présence d'Anticor. Si la constitution de l’association comme partie civile était déclarée irrecevable, cela l'empêcherait de prétendre à des dommages et intérêts. En attendant, elle peut assister au procès qui se poursuivra jusqu’au 23 septembre.

Une attaque que déplore Jean-François Probst, ami et ancien conseiller de l’ex-chef de l’État. Selon lui, la dispense autorisée du principal intéressé est un faux débat car elle ne modifiera pas le cours du procès : "Que Jacques Chirac soit là ou non ne change rien. Il y aura de toute façon une poursuite des audiences", a-t-il déclaré à FRANCE 24. Et surtout, insiste-t-il, cela ne signifie en aucun cas que la justice se soustrait à ses responsabilités. "L’ancien chef de l’État et les autres prévenus seront quand même jugés, ils répondront aux questions du juge. Il n’y a ni dérobade, ni fuite", a-t-il ajouté.

Mais il y a des doutes. Malgré cette première "victoire" juridique, le camp de la défense a montré quelques signes d’inquiétude pour la suite. L’absence de Jacques Chirac à son procès - le premier à placer un chef de l’État sur le banc des prévenus – pourrait le desservir comme le souligne Me Kiejman, l’un des quatre avocats de l’ancien président : "le jugement est conforme au souhait de mon client mais ce sera également un gros handicap de ne pas pouvoir compter sur lui", a-t-il déclaré à sa sortie du tribunal. Un avis que partage Pierre-François Divier, auteur de "Toute la vérité sur l’origine du procès de Jacques Chirac". "On est en droit de se demander si cette absence ne va pas favoriser les parties civiles… Après tout, les absents ont toujours tort", souligne-t-il à l’antenne de FRANCE 24.

État de vulnérabilité

La défense de Jacques Chirac a annoncé samedi, rapport médical à l’appui, que l'ex-président âgé de 78 ans n'avait plus "l'entière capacité de participer au déroulement des audiences"."M. Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé", souligne le rapport signé par le professeur de neurologie Olivier Lyon-Caen. "Il n'a plus la mémoire pour cela", a également confié samedi à l'AFP son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Le "Journal du Dimanche" a avancé, de son côté, que l'ancien président souffre d'anosognosie, c'est-à-dire d'une ignorance des troubles dont il est atteint.

L’ancien chef d’État - et neuf autres co-prévenus - sont poursuivis pour "prise illégale d'intérêt", "abus de confiance" et "détournement de fonds public" pour des faits présumés remontant au début des années 1990. Concrètement, Jacques Chirac est accusé, alors qu’il était maire de Paris, d’avoir fait employer 28 personnes par la mairie de Paris alors qu’elles travaillaient en réalité pour le Rassemblement pour la République (RPR). Il encoure jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Ce nouvel acte de cette saga judiciaire intervient après quatre années d'atermoiements judiciaires et deux renvois pour raisons de procédure.

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UN PROCèS INéDIT
Jacques Chirac n'assistera pas à son procès