Pour conclure les universités de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé ont souhaité rassembler la majorité en l’exhortant à jeter toutes ses forces dans la bataille présidentielle.
REUTERS - François Fillon a invité dimanche les Français à la "lucidité", à "l'esprit citoyen" et au sens du devoir, à huit mois de l'élection présidentielle de 2012, dans un contexte qu'il a peint de couleurs sombres.
Le Premier ministre concluait à Marseille des universités d'été de l'UMP censées lancer la campagne du parti présidentiel mais polluées par des bisbilles internes et le retour en France de l'ex-directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.
Il a opposé ce discours "de vérité" et de raison, qui laisse peu de place au rêve, à celui d'une gauche accusée tout à la fois d'instrumentaliser les inquiétudes des Français, de miser sur leur pessimisme pour attirer les suffrages, et de nourrir l'illusion "mensongère" d'une "existence sans défi".
"La gauche parie sur la peur et la déception. Eh bien je parie sur le sang-froid et la lucidité", a-t-il déclaré devant plusieurs milliers de jeunes militants et cadres de l'UMP et son gouvernement presque au complet.
"Fiers et lucides sur les défis et les contraintes qui pèsent sur notre propre avenir (...) exigez la vérité plutôt que les mirages, choisissez l'action plutôt que la commisération", a-t-il ajouté à l'adresse de son jeune auditoire.
Il a assuré comprendre l'inquiétude et l'impatience des Français dans un contexte national et international marqué par la crise économique et financière, les bouleversements géopolitiques et l'ébranlement des valeurs traditionnelles.
"Mesurer les limites de nos droits"
"On peut ne pas aimer ce monde-là (...) mais c'est le nôtre" a ajouté François Fillon, selon qui la mondialisation et la question de la dette - "un problème de civilisation" - seront au centre du débat présidentiel.
itFace au défi du désendettement, les Français doivent "plus que jamais être conscients de leurs devoir", a-t-il dit. "Cette vérité n'est peut-être pas agréable à entendre mais je préfère les paroles qui protègent plutôt que les paroles qui plaisent."
Il en a ainsi appelé à un regain d'"esprit citoyen" et à la responsabilité des Français pour accompagner l'action publique, évoquant l'éducation, le développement durable ou encore la sécurité pour faire barrage à la "culture de la violence".
Il en va de même du financement de la protection sociale ou de la lutte contre les déficits publics, a-t-il poursuivi : "Il est de notre devoir à tous de mesurer les limites de nos droits, de lutter contre excès, nos abus" et les Français ne peuvent réclamer "toujours plus d'agents publics et plus de droits".
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, organisateur de ce rendez-vous de la rentrée politique, avait déjà joué, auparavant, sur cette corde de la "lucidité" et de l'adaptation à un "nouveau monde en train de naître".
"Rien n'est tabou"
Il a aussi frappé à bras raccourcis sur les principaux candidats des primaires socialistes, Martin Aubry, "mélange de dogmatisme dépassé et d'ambiguïté permanente", et François Hollande, "alternance de blagues lourdes et de banalités".
Les responsables de l'UMP ne se faisaient cependant guère d'illusions sur ce qui retiendrait ce dimanche l'attention de la presse : le retour ultra-médiatisé de Dominique Strauss-Kahn, longtemps favori des sondages pour la présidentielle de 2012.
it"Les images de ces centaines de caméras braquées sur le visage de Dominique Strauss-Kahn de retour en France nous paraissent bien dérisoires et bien décalées", s'est borné à constater Jean-François Copé, à la tribune.
Les orateurs ont multiplié les appels à l'unité de la majorité derrière le président Nicolas Sarkozy, probable candidat à sa succession - une unité écornée vendredi par un bras de fer entre le chef de l'Etat et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur un projet d'augmentation de la TVA sur les parcs à thème.
"L'intérêt général comme l'efficacité électorale nous interdisent d'éparpiller nos forces et ce principe doit s'appliquer dès maintenant, pour les élections sénatoriales où l'unité doit s'imposer partout sur les ambitions personnelles", a déclaré François Fillon, à trois semaines d'un scrutin qui pourrait faire basculer la majorité sénatoriale à gauche.
Evoquant le débat budgétaire, il s'est dit prêt à voir amendé par le parlement son plan de lutte contre les déficits.
"Rien n'est tabou et rien n'est abandonné", a-t-il assuré. "Le gouvernement est ouvert aux critiques et aux amendements, à condition qu'ils ne mettent pas en cause le volume des efforts ni leur équilibre."