
L'Union européenne prend une nouvelle sanction à l'égard du régime de Bachar Al-Assad. L'embargo d'importation du pétrole syrien, qui entrera en vigueur le 15 novembre, provoquera une diminution importante des recettes de Damas.
AFP - L'Union européenne a décrété vendredi un embargo sur les importations de pétrole syrien, espérant par là frapper le régime au portefeuille et le convaincre de renoncer à la poursuite de la répression violente de la contestation dans le pays.
"Compte tenu de la gravité de la situation en Syrie", l'UE a annoncé vendredi avoir décidé "de renforcer les sanctions à l'encontre de ce pays et d'imposer un embargo sur les importations de pétrole syrien vers l'UE".
"L'interdiction concerne l'achat, l'importation et le transport de pétrole et autres produits pétroliers venant de Syrie", précise un communiqué.
L'UE a également décidé d'étendre ses sanctions de gel d'avoirs et d'interdiction de visa à quatre personnes et à trois entreprises, a ajouté le communiqué, qui précise que l'embargo sur les armes, en vigueur depuis le 9 mai, demeure en vigueur.
Ces sanctions vont "frapper la Syrie au coeur", a commenté le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Uri Rosenthal, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Sopot (Pologne).
Selon des sources diplomatiques, les quatre nouvelles personnes sanctionnées par l'UE sont des hommes d'affaires accusés de financer le régime de Bachar al-Assad. Parmi les trois entreprises figure une banque, selon ces sources.
L'embargo est effectif immédiatement mais n'entrera en vigueur que le 15 novembre pour les contrats en cours, ont souligné des sources diplomatiques.
Le décret doit être publié samedi au Journal officiel de l'UE.
L'Union européenne a déjà décrété des sanctions à l'encontre de 50 personnalités, dont trois responsables iraniens, et huit entreprises ou organisations syriennes ou iraniennes.
L'embargo sur les importations de pétrole syrien devrait avoir un impact certain auprès du régime : l'UE achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente entre un quart et un tiers des recettes de ce pays.
Pour l'UE l'impact est bien moindre, puisque, selon des chiffres de la Commission européenne, elle importait en 2010 7,8 millions de tonnes de pétrole brut par mois de Syrie, soit 1,5% de ses importations totales de brut.
"Il s'agit d'isoler le régime et de le pousser à ouvrir enfin le dialogue avec les protestataires", a commenté l'Allemand Guido Westerwelle, dont le pays importait jusqu'ici la part la plus importante du brut syrien acheté par l'UE (34%).
La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale syrienne Adib Mayaleh avait toutefois mis en garde les Européens en affirmant à l'AFP que son pays pouvait tout aussi bien se tourner vers d'autres partenaires, comme la Chine.
"Nous pouvons résoudre nos problèmes avec l'aide de la Chine. Si les Européens se retirent les Chinois peuvent prendre facilement leur place et combler le vide. la Russie aussi peut nous aider", avait-il alors averti.
L'Italie -- 31,5% des importations européennes de brut syrien-- a obtenu un aménagement au cours de négociations cette semaine.
Les contrats de livraison en cours signés par les compagnies pétrolières européennes avec la Syrie et ses deux compagnies contrôlées par l'Etat (Syria Petroleum et Sytrol) pourront en effet continuer à être honorés jusqu'au 15 novembre. Dans un premier temps, l'Italie avait souhaité que les contrats puissent être honorés jusqu'à la fin du mois de novembre.
L'UE a aussi décidé de reporter à plus tard l'option complémentaire, un temps envisagée, d'une interdiction de tout investissement européen dans le secteur pétrolier syrien.
Cette possibilité fait partie d'un nouveau train d'éventuelles sanctions supplémentaires à l'étude, au sujet duquel des discussions ont commencé en parallèle jeudi entre diplomates des 27 à Bruxelles.
Les Etats-Unis ont aussi décrété de leur côté un embargo d'importation sur le pétrole syrien, mais cette sanction est surtout symbolique puisque les Américains n'importent pas de pétrole syrien.