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Un célèbre caricaturiste syrien passé à tabac

Ali Ferzat, célèbre caricaturiste syrien, a été enlevé et passé à tabac jeudi. Des hommes armés et masqués lui ont notamment dérobé ses dessins et l'ont blessé en particulier aux mains. L'homme est hospitalisé à Damas.

AFP - Une femme a été tuée et un célèbre caricaturiste a été tabassé jeudi par des membre des forces de sécurité en Syrie, ont indiqué des militants droits de l'Homme, au lendemain d'une journée de violences qui a fait une dizaine de morts parmi les civils et huit dans les rangs de l'armée.

Les pressions internationales pour tenter de mettre fin à la répression se sont accentuées: l'UE a rallongé sa liste de sanctions, Visa et Mastercard veulent bloquer leurs cartes syriennes et la France a appelé à nouveau à l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une villageoise a été tuée par balle lors d'une opération militaire à Shhel, près de Deir Ezzor, à 460 km au nord-est de Damas.

En outre, des hommes armés ont enlevé et frappé jeudi un célèbre caricaturiste, Ali Ferzat, qui a été transporté à l'hôpital à Damas, blessé en particulier aux mains.

Des membres de services de sécurité masqués et des miliciens pro-régime "lui ont volé le contenu de son cartable, notamment ses dessins et d'autres affaires personnelles. Ils l'ont durement frappé, notamment sur ses mains. Des passants, qui l'ont trouvé sur la route de l'aéroport, l'ont conduit à l'hôpital", ont précisé les LCC dans un communiqué.

Selon l'OSDH, basé au Royaume-Uni, une "bande armée" a "enlevé et agressé Ali Ferzat" avant de le jeter "d'une voiture sur la route de l'aéroport".

Selon l'un de ses amis qui lui a rendu visite à l'hôpital, le caricaturiste a subi des fractures sur deux doigts de la main et le bras droit ainsi qu'un début d'hémorragie à la poitrine et il a l'oeil gauche très abîmé.

Mercredi, les opérations des forces de l'ordre avaient fait 11 morts selon l'OSDH: 7 morts à Homs (centre), deux à Deir Ezzor, un à Idleb (nord-ouest) et un à Damas, place Midane, où des agents de sécurité ont ouvert le feu sur des jeunes qui présentaient leurs condoléances après le décès sous la torture de l'un de leurs camarades.

Parallèlement, huit militaires syriens ont été tués mercredi dans deux attaques près de Homs, a annoncé jeudi l'agence officielle Sana. Un officier et deux soldats ont péri dans l'attaque d'un bus militaire à Talbiseh, et cinq soldats sont morts dans l'attaque de leur véhicule à Ar Rastan.

Le gouvernement syrien n'a jamais publié le chiffre total des morts dans les rang de l'armée et des services de sécurité mais les opposants et les militants des droits de l'Homme font état de près de 400 morts parmi les forces de l'ordre.

Au total, plus de 2.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées depuis le début mi-mars du mouvement de contestation en Syrie, selon l'ONU.

Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois demandé l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution de sanctions contre Damas. "Les Syriens ont aussi le droit à la démocratie et ils ne sont pas condamnés à être réprimés" par le régime, a insisté le président français.

En outre, le groupe américain de paiements bancaires Visa a décidé de bloquer l'utilisation de ses cartes de crédit en Syrie conformément aux sanctions décidées par Washington et son concurrent Mastercard se prépare à faire de même, ont indiqué mercredi les deux entreprises à l'AFP.

Principal allié du régime du président syrien Bachar al-Assad, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a appelé mercredi sur une chaîne chiite libanaise le gouvernement et le peuple de Syrie au dialogue pour parvenir à une "entente", "loin de la violence".

Une mission humanitaire de l'ONU, arrivée samedi, doit achever sa mission jeudi. La LCC a affirmé qu'à Homs et Talbiseh, plusieurs personnes avaient été blessées par les forces de sécurité alors qu'elles tentaient de s'approcher de la délégation pour leur faire part "de la violence du régime".