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Le téléphone portable fait crise mine

Le Congrès mondial de la téléphonie mobile s’ouvre le 16 février à Barcelone, en Espagne, dans un contexte morose. Pour la première fois depuis dix ans, l’activité du secteur devrait enregistrer un net recul.

Ils sont 60 000 professionnels à participer au Congrès mondial de la téléphonie mobile de Barcelone qui ouvrira ses portes quatre jours durant à partir du 16 février. Et ce n’est pas le cœur léger que les participants se rendront dans la capitale catalane : pour la première fois en dix ans le secteur devrait connaître, en 2009, un recul de son activité. Une étude de l’institut Gartner estime que la baisse mondiale devrait se situer entre 1 et 4%. Plus pessimiste, le PDG du géant finlandais Nokia, Olli-Pekka Kallasvuo, prévoit un recul d’au moins 5%.
 

Le plus important rassemblement mondial de la téléphonie mobile risque donc de basculer de l’autocongratulation, autrefois de mise, au doute. "La visibilité sur le marché est insuffisante", pouvait-on lire à la fin de 2008 dans un communiqué de Nokia, le numéro 1 du secteur. "Les temps sont incertains", déclare Greg Brown, co-PDG de Motorola, à l’agence de presse Reuters.
 

Les résultats, eux, sont clairs. La fin d’année, période pourtant propice avec les fêtes, aura connu un recul des ventes de 12,6% par rapport à 2007. Le constructeur américain Motorola a décidé de supprimer près de 7 000 emplois après avoir fait état de pertes historiques de plus de 4 milliards de dollars en 2008. Et dans son bastion historique, la Finlande, Nokia s’apprête également à dégraisser.
 

Le haut de gamme joue le rôle de locomotive  

Pour autant, le portable ne se porte pas aussi mal que d’autres secteurs tels que l’automobile ou l’immobilier. Il s’est tout de même vendu plus d’un milliard de téléphones en 2008, soit autant que l’année précédente.
 

Tout n’est donc pas si morose. D’autant que les smartphones, à l’image de l’iPhone et autres téléphones multifonctions haut de gamme, jouent le rôle de locomotive. Sur l’année 2008, les ventes de ces petits bijoux high-tech ont augmenté de 22,5%. Pas mal au vu de la triste progression d’un peu plus de 3% de l’ensemble des portables. "Tant que les opérateurs pourront continuer à sortir ce genre d’appareils, ce segment sera la lumière dans un marché autrement très sombre", estime Ryan Reith, un analyste du centre d’études International Data Center (IDC).
 

Pas étonnant dans ce contexte que chacun cherchera son smartphone au Congrès de Barcelone. Google sera présent pour parler de sa nouvelle implication dans ce secteur avec son système d’exploitation pour mobile Android. Des annonces sont attendues en ce sens chez RIM (Blackberry), Samsung ou encore HTC. Certaines marques ont même décidé, à l’instar du spécialiste du GPS Garmin ou encore Asus, de se lancer sur le marché. Un comble vu le contexte économique.
  

"Les téléphones haut de gamme sont devenus un moyen d’affirmation sociale", explique à FRANCE 24 Christophe Lasnes, responsable marketing chez LG France. Et il est plus facile par les temps qui courent de faire une folie à 500 euros pour le dernier cri en portable qu’à 4 000 euros pour le nec plus ultra de la télévision.
   

500 millions d’applications téléchargées ces six derniers mois
 

Qui dit smartphones et haut de gamme, dit multiplication des fonctionnalités sur ces vrai-faux mini-ordinateurs. De l’appareil photo aux dizaines de milliers d'applications téléchargeables sur l’iPhone et compagnie, tous les moyens sont bons pour capter l’utilisateur. "Les jeux vidéo sur portable ne connaissent pas vraiment la crise", assure à FRANCE 24 un responsable de Gameloft, premier éditeur européen du secteur. En 2008, les téléchargements de jeux sur smartphone ont augmenté de plus de 291% selon une étude de Comscore.
 

"Le haut débit et la démocratisation de l’Internet ont permis aux gens de se rendre compte de toutes les possibilités de services qui existent", explique à FRANCE 24 Olivier Saint-Reuquier, chef produit France chez Garmin, leader mondial des GPS. L’Apple Store pour iPhone a été une bénédiction pour tous ces services. Plus de 500 millions d’applications (gratuites ou payantes) ont été téléchargées lors des six derniers mois. Reste une interrogation : entre les développeurs, les opérateurs et les fabricants de téléphone, qui va récupérer les bénéfices de ce marché ? En ces temps de vaches maigres, le gâteau pourrait bien aiguiser l’appétit de nombreuses compagnies.