
Le géant de l'informatique a décidé de changer de cap : il met un terme à son aventure dans le monde des tablettes tactiles et des smartphones, et envisage de vendre sa division "ordinateur". Objectif : vendre des logiciels pour professionnels.
Hewlett-Packard a annoncé jeudi qu'elle allait entamer sa révolution copernicienne. Premier choc : le numéro 1 mondial des constructeurs d’ordinateurs n’exclut pas d’arrêter de produire, d’ici à l'année prochaine,… des PC. Deuxième choc : le géant américain va jeter aux oubliettes WebOs, le système d’exploitation pour smartphones et tablettes qu'il avait acquis il y a moins d’un an pour un peu plus de 1,2 milliard de dollars.
Comme si cela ne suffisait pas, le P-DG du groupe, Leo Apotheker, a annoncé le rachat d’Autonomy, une société britannique inconnue du grand public spécialisée dans le logiciel. Pour ce faire, HP va débourser plus de 10 milliards de dollars alors que sa réserve de fonds propres s’élève à 12 milliards de dollars.
Une mutation en profondeur que le groupe a justifié en évoquant "les changements rapides [agissant] dans le secteur de l’informatique grand public", lors de la présentation, jeudi, de ses résultats financiers trimestriels. Une transformation du secteur qui a donc semblé suffisamment significative aux yeux de la direction d'HP pour qu’elle envisage de jeter son bébé (les PC) avec l’eau du bain (les smartphones et les tablettes).
HP mise tout sur le service aux professionnels
Pour les ordinateurs, Leo Apotheker a précisé qu’il "n’excluait pour l’heure aucune option". Le sort de cette activité historique du groupe n’est donc pas encore joué. Mais le patron du groupe n’y croit plus vraiment. "HP reconnaît que la vraie croissance ne passe plus aujourd’hui par la construction de matériel", a-t-il souligné. Pour faire écho à son analyse, Leo Apotheker a précisé que le chiffre d'affaires de la division ordinateur avait baissé de 3% sur un an.
Le futur de HP sur le marché des smartphones et des tablettes est plus clair : l’horizon est bouché. L’abandon de WebOs est un désaveu cinglant de la stratégie décidée par le prédécesseur de Leo Apotheker, arrivé à la tête du groupe il y a neuf mois. Le géant américain avait acquis WebOs en avril 2010 lors du rachat de Palm, le pionnier des smartphones. Une acquisition qui avait débouché sur la sortie, fin 2010, de deux nouveaux téléphones portables, et surtout d’une tablette tactile en juillet 2011, le TouchPad, censé concurrencer l’iPad d’Apple.
Leo Apotheker n’a pas été convaincu par l’expérience. BestBuy, le géant américain de la distribution, lui a apporté un argument de poids la semaine dernière pour mettre un point final à l’histoire de WebOs. Sur 270 000 TouchPad livrés, la chaîne de magasins n’a réussi à en vendre que 20 000 unités.
Dorénavant, HP entend devenir le roi du service informatique aux entreprises et professionnels. C’est le but avoué de l’acquisition d’Autonomy. La société britannique développe des logiciels de recherche de données (email, vidéo, messages sur les réseaux sociaux) et dispose actuellement d’un peu plus de 20 000 clients. Une réorientation stratégique qui peut paraître moins attrayante que la bataille des tablettes, mais "les marges de profits sont bien plus importantes dans les logiciels que sur la vente de matériel", rappelle le Financial Times.