Ce mercredi, au moins 39 personnes, dont des passants innocents, sont mortes à Karachi, victimes de nouvelles violences dues aussi bien à des rivalités ethniques entre bandes ourdoues et pachtounes qu'à des querelles politiques.
AFP - Au moins 39 personnes ont été tuées mercredi et jeudi à Karachi, mégapole du sud du Pakistan déchirée par les rivalités politico-mafieuses, selon la police.
Un ancien parlementaire du Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir, Waja Karimdad, fait partie des victimes de ces violences qui se poursuivent malgré le déploiement en juillet de plusieurs centaines de soldats et paramilitaires supplémentaires dans la ville.
"Le bilan des victimes tuées depuis mercredi matin s'élève à 39" jeudi, et les violences concernent plusieurs quartiers de Karachi, notamment celui de Lyari, dans le sud de la ville, a déclaré à l'AFP le chef de la police de la ville, Saud Mirza.
La situation se calme quelque peu depuis le déploiement de renforts dans les quartiers concernés, a-t-il ajouté.
A.B. Shahid, un économiste indépendant, a estimé qu'environ 20% des commerces de ce grand port du sud du pays sont restés fermés jeudi, dont les marchés des quartiers sud, pour protester contre leur rançonnement par des bandes criminelles.
"La situation reste très tendue à Lyari et dans d'autres quartiers du sud de Karachi, où des tirs sporadiques se font toujours entendre", a indiqué à l'AFP un haut responsable des services de sécurité sous couvert de l'anonymat, en accusant les gangs mafieux.
Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani a une nouvelle fois dépêché à Karachi son ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, et appelé à une action immédiate "contre les criminels qui jouent avec la paix de la métropole".
Il ne faut montrer "aucune indulgence avec ces éléments qui veulent ruiner la vie de la ville", a-t-il ajouté sans toutefois annoncer de mesures concrètes.
Les affrontements et assassinats ciblés se poursuivent en dépit de l'envoi de renforts et d'un appel à la paix lancé en juillet par le gouvernement, signe de son impuissance à juguler la violence récurrente dans la plus grande ville (environ 18 millions d'habitants) du pays et sa capitale économique.
Les affrontements opposent notamment les partisans du Muttahida Qaumi Movement (MQM), appartenant à la majorité ourdoue, à ceux du Parti National Awami (ANP), qui représente les migrants d'ethnie pachtoune.
Les victimes sont régulièrement des passants innocents pris entre les échanges de tirs, selon plusieurs sources locales.
Le port de Karachi sert à l'Otan pour acheminer la majorité de l'approvisionnement destiné aux troupes engagés en Afghanistan, un volume qui représente un cinquième du PIB du Pakistan.
Les zones les plus touchées par la violence sont des quartiers pauvres dont la population a gonflé avec l'arrivée de migrants intérieurs venus en particulier des régions du nord-ouest, bastion des talibans et des combattants d'Al-Qaïda.
Selon la commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP), une organisation indépendante, 490 personnes ont été victimes d'assassinats ciblés au cours du premier semestre 2011 à Karachi, contre 748 pour l'ensemble de l'année 2010.