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L'ensemble de l'opposition yéménite a porté sur les fonts baptismaux un Conseil national des forces de la révolution pacifique. Objectif : coordonner la contestation et obtenir le départ du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh.
AFP - L'opposition yéménite s'est dotée mercredi d'un Conseil national fédérant toutes les forces réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, au lendemain de l'annonce surprise par le chef de l'Etat de son prochain retour de Ryad où il a été transféré après un attentat début juin.
"Le Conseil national va diriger les forces de la révolution, déterminées à résister jusqu'au départ de Ali Abdallah Saleh", a déclaré à l'AFP Soltan al-Atwani, un dirigeant du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire.
"Le Conseil national des forces de la révolution pacifique" est formé de 143 membres, élus mercredi lors d'un rassemblement de l'opposition à Sanaa avec l'objectif de coordonner la contestation et d'élaborer un programme pour obtenir la chute du régime.
Ce Conseil, qui doit former ultérieurement un bureau exécutif de 20 membres, fédère les partis du Forum commun, dont l'influent islamiste Al-Islah, les jeunes protestataires qui campent dans la rue, les représentants de la société civile, du Mouvement sudiste, les rebelles chiites du nord et des personnalités indépendantes.
"Notre peuple est prêt à faire davantage de sacrifices pour imposer sa volonté, à l'instar des peuples tunisien et égyptien", a déclaré un dirigeant de l'opposition, Mohamed Bassandaoua, devant les participants.
"En créant ce Conseil, l'opposition aura signé l'acte de décès de l'intiative du Golfe", a averti Tarek al-Chami, le porte-parole du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), en référence au plan de sortie de crise élaboré par les monarchies du Golfe en concertation avec les Etats-Unis et l'Union européenne.
Les promoteurs du projet "donnent la preuve qu'ils ne sont pas favorables à un règlement pacifique et qu'ils prônent un complot contre le pouvoir légitime", a ajouté à l'AFP M. Chami qui, interrogé sur le risque d'une guerre civile, a répondu: "Nous ne nous laisserons pas entraîner dans la violence".
Un large mouvement de contestation du régime, déclenché fin janvier dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte, réclame le départ de M. Saleh. En poste depuis 33 ans, il s'accroche au pouvoir malgré de fortes pressions régionales et internationales en vue d'une transition pacifique dans un pays miné par la pauvreté, le tribalisme et une présence accrue d'Al-Qaïda.
En convalescence à Ryad depuis sa sortie début août de son hôpital saoudien, M. Saleh, apparu en bonne forme, a répété qu'une transition passe par le verdict des urnes, suggérant qu'il ira jusqu'au bout de son mandat en 2013.
S'adressant via la télévision publique à un rassemblement à Sanaa de milliers d'hommes de tribus qui lui sont fidèles, il a aussi annoncé son prochain retour au Yémen, coupant court à toutes les spéculations sur un exil saoudien.
"L'annonce de son retour, c'est l'annonce d'une sédition", a prévenu M. Atwani, ajoutant que "l'intention inavouée (de M. Saleh), c'est de conduire le pays vers la guerre civile".
Le discours de M. Saleh, le troisième depuis son hospitalisation à Ryad, "est un message de défi, poussant à l'escalade et non à l'apaisement", a convenu l'analyste yéménite, Mohamed al-Dhahiri, redoutant que "le prix d'un changement au Yémen sera lourd".
Mais, a-t-il ajouté à l'AFP, "personne n'a intérêt au déclenchement d'une guerre civile au Yémen car tout le monde en sortira perdant". "Cela aura des implications au plan régional et international", a-t-il averti.
Cet universitaire croit cependant au rôle que pourraient encore jouer les pays voisins, notamment l'Arabie saoudite, et les Etats-Unis pour prévenir une aggravation de la situation au Yémen où le régime du président Saleh est affaibli par la défection d'une partie de l'armée, des tribus et des oulémas.