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Devant une délégation diplomatique diligentée par l'Inde, le Brésil, et l'Afrique du Sud, le président syrien Bachar al-Assad a reconnu que les forces de l'ordre avaient commis "quelques erreurs". La répression sévit toujours dans plusieurs villes.

AFP - Au moins dix-sept civils ont péri mercredi dans la répression dans la ville rebelle de Homs, dans le centre de la Syrie, après le retrait de l'armée de Hama, le régime de Bachar al-Assad restant inflexible face aux protestations amplifiées tout en admettant de nouveau des "erreurs".

Dans la province d'Idleb, un 18e civil, une femme, a été tué dans la matinée dans une opération de l'armée, a indiqué un militant alors qu'une source militaire a fait état en fin d'après-midi du retrait des troupes de cette province du nord-ouest du pays.

Face à la répression qui ensanglante la Syrie depuis le 15 mars, les Etats-Unis ont encore durci le ton contre le président Bachar al-Assad, sans aller jusqu'à réclamer explicitement son départ mais promettant d'aider son peuple dans sa quête de "dignité et de liberté".

Le département américain du Trésor a annoncé des sanctions contre la Commercial Bank of Syria, plus grande banque commerciale du pays, et Syriatel, premier opérateur de téléphonie mobile, alors que l'ambassadrice à l'ONU Susan Rice a déclaré que son pays pouvait utiliser des "preuves sur des crimes commis" pour faire pression sur M. Assad.

Avant le début d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, une délégation d'Inde, du Brésil et d'Afrique du sud -membres non permanents au Conseil de sécurité- a affirmé que M. Assad avait reconnu devant elle "des erreurs commises par les forces de sécurité au début des troubles".

M. Assad a également souligné son "engagement envers le processus de réformes, dont l'objectif est d'ouvrir la voie à une démocratie multipartite" et assuré que la réforme constitutionnelle serait prête en février-mars 2012, selon un communiqué publié au siège de l'ONU à New York.

En mai, M. Assad avait déjà reconnu des "erreurs" de la part des services de sécurité, et la répression avait continué de plus belle.

La mission tripartite a succédé à celle d'un émissaire turc après laquelle M. Assad a redit mardi sa détermination à mater la contestation contre son régime.

Joignant l'acte à la parole, le président a envoyé l'armée mener une vaste opération mercredi à Homs, où 17 personnes ont été tuées, selon des militants sur place, contactés par l'AFP depuis Nicosie.

Les forces de sécurité ont tiré de "manière indiscriminée sur les habitants du quartier de Baba Amro faisant onze morts dont une femme et son fils", a déclaré l'un d'eux. "Certains corps gisent sur le sol et les gens ne peuvent pas les évacuer à cause des tirs. Il y a eu moins vingt blessés aussi", a rapporté un autre militant.

Dans le quartier d'Inchaat, six personnes ont péri sous les balles des troupes, a indiqué un autre militant.

Quelques heures plus tôt, l'armée s'était retirée de Hama, où elle était entrée le 31 juillet après d'immenses manifestations contre le régime et où elle a tué plus d'une centaine de personnes, selon des militants.

Une journaliste de l'AFP en visite sous la houlette des autorités a vu une quarantaine de véhicules de transport de troupes quitter cette ville rebelle à quelques dizaines de kilomètres au nord de Homs.

La place Assi, siège du gouvernorat et lieu de rassemblements, était vide mercredi, hormis quelques voitures et de rares passants. Les employés nettoyaient les rues et ramassaient des pierres jonchant le sol alors que les murs portaient la trace de nombreux graffitis récemment effacés.

Des habitants ont mis en cause des "saboteurs", reprenant la version du régime qui, depuis le début le 15 mars, refuse de reconnaître l'ampleur de la contestation et justifie le recours à la force pour faire face selon lui à des "groupes terroristes armés" semant le chaos.

Après avoir exprimé une impatience croissante face à la politique de la terre brûlée de M. Assad, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que l'ambassadeur turc s'était rendu à Hama pour assister au retrait.

Parallèlement, l'armée a annoncé son retrait de la province d'Idleb. Les journalistes circulant dans le cadre du voyage organisé par le pouvoir ont vu une trentaine de véhicules de transport de troupes et une dizaine de camions quitter Ariha, une localité du sud de la province.

Mais Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, a fait état d'une opération militaire d'envergure lancée le matin à Sirmine, dans la grande province d'Idleb, où une femme a été tuée selon lui.

Il a également fait état de tirs nourris à la mitrailleuse lourde et d'explosions à Deir Ezzor (nord-est), qui a connu ces dernières semaines des manifestations antirégime massives. Mardi, 17 personnes y avaient péri.

Depuis le 15 mars, plus de 2.000 personnes ont péri en Syrie, en grande partie des civils, selon des ONG syriennes.

Pour des analystes, la chute du régime semble inévitable, mais ce dernier va probablement accentuer sa répression et ignorer le concert de condamnations internationales.