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L'Otan va déployer des troupes supplémentaires au Kosovo

La Kfor, mission de L'Otan au Kosovo, demande le renfort de 700 militaires, après les tensions qui ont secoué le nord du pays la semaine dernière, entre les Serbes et les Kosovars. Ce déploiement permettra de soulager les forces engagées.

AFP - L'Otan a décidé de renforcer ses effectifs au Kosovo où la situation reste sensible dans le nord, limitrophe de la Serbie, un signe de sa volonté d'empêcher toute nouvelle détérioration.

"Nous avons demandé un bataillon", a déclaré mardi à l'AFP le porte-parole de la Mission de l'Otan au Kosovo (Kfor), Hans Dieter Wichter.

Il s'agit au total de quelque 700 soldats, dont environ 550 appartenant à l'armée allemande et 150 appartenant à l'armée autrichienne. Ils seront envoyés au Kosovo dans les prochains jours, a indiqué la Bundeswehr dans un communiqué.

Hans Dieter Wichter a expliqué l'envoi de ces effectifs par le renforcement des réserves opérationnelles des quelque 5.900 soldats actuellement au Kosovo et pour les soulager quelque peu.

Le porte-parole a cependant souligné que la Kfor n'avait pas de problème particulier en raison des troubles de la semaine dernière dans le nord du Kosovo, qui ont brusquement aggravé la tension entre Belgrade et Pristina.

Une porte-parole de l'Alliance atlantique, Carmen Romero, a insisté aussi depuis le quartier général de l'Otan à Naples sur le fait que ce nouveau déploiement ne signifiait pas une aggravation de la crise.

"Il ne doit pas être interprété comme un signe d'escalade. Au contraire, comme vous le savez, la situation s'est apaisée. Il s'agit de soulager les forces actuellement sur le terrain".

Selon le commentateur politique Ardian Collaku, du quotidien kosovar Zeri, la mesure prise par l'Otan est "un message adressé aux extrémistes serbes indiquant que l'Alliance est déterminée à contrôler la situation et que personne ne peut imposer une solution quelconque par la violence".

La crise actuelle entre Belgrade et Pristina a éclaté le 25 juillet, lorsque les autorités kosovares ont tenté de prendre le contrôle de deux postes-frontières dans le nord du Kosovo, limitrophe de la Serbie, provoquant la colère de la population serbe locale.

Un poste-frontière, celui de Jarinje, a été incendié, contraignant l'Otan à intervenir et à contrôler les deux postes litigieux.

Les Serbes du Nord du Kosovo ne veulent relever que de Belgrade et ne reconnaissent pas les autorités de Pristina.

Celles-ci veulent imposer un embargo sur les produits serbes dans l'ensemble du Kosovo, en rétorsion à l'embargo sur les produits kosovars, imposé par Belgrade depuis l'indépendance de Pristina, en 2008.

Mais il s'agit par là pour Pristina aussi d'affirmer sa souveraineté sur le nord.

A Pristina même, le médiateur de l'UE, Robert Cooper, a rencontré le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi. Il avait rencontré lundi des représentants serbes.

A l'issue de son entretien avec M. Cooper, Hashim Thaçi a indiqué dans un communiqué avoir souligné à nouveau "les lignes rouges" que Pristina ne "franchira pas" dans ses discussions avec Belgrade.

"La souveraineté entière, l'intégrité territoriale et l'ordre public ne peuvent faire partie d'aucun dialogue", a-t-il souligné, rappelant ainsi que Pristina revendiquait le contrôle du nord du Kosovo, qui leur échappe actuellement.

Hashim Thaçi a accusé Belgrade d'être derrière la récente détérioration de la situation dans la région, avec pour objectif de détacher le nord du Kosovo.

"Aborder la question des frontières du Kosovo revient pour l'Etat du Kosovo à ouvrir la question des frontières dans toute la région", a-t-il averti.

Robert Cooper avait été le maître d'oeuvre du dialogue amorcé en mars entre Belgrade et Pristina, et qui traverse aujourd'hui une phase délicate.

Ce dialogue, qui se déroule sous les auspices de l'UE, est destiné à résoudre les questions pratiques de la population kosovare, qu'elle soit serbe ou albanaise, de façon à aborder ensuite, progressivement, les questions les plus difficiles, comme celle du Nord.

Selon l'analyste kosovar indépendant Naim Gashi, la crise actuelle fait que la question du Nord du Kosovo va devenir le problème numéro un des discussions entre Belgrade et Pristina.

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