Le socialiste francophone belge Elio Di Rupo a convaincu huit partis de négocier pour tenter de former un nouveau gouvernement. Confrontée à une crise politique sans précédent, la Belgique est sans gouvernement depuis plus de 400 jours.
AFP - Le chef socialiste francophone belge Elio Di Rupo a réussi vendredi à convaincre huit partis de négocier en vue de former un gouvernement et tenter de mettre un terme à une crise d'une durée sans précédent mettant l'unité du pays à rude épreuve.
Une fois obtenu cet accord, M. Di Rupo s'est rendu chez le roi Albert II pour lui faire rapport. Le monarque, constatant "la volonté exprimée par une large majorité de résoudre les problèmes institutionnels et socio-économiques auxquels le pays est confronté", a demandé au leader du PS de poursuivre sa mission de "formateur", a indiqué le palais dans un communiqué.
M. Di Rupo venait d'avoir une longue réunion de clarification avec les responsables de ces huit partis --quatre francophones (dont le PS) et quatre flamands-- jeudi, jour de la fête nationale belge, "afin de permettre à chacun de bien se comprendre".
L'annonce ne peut que détendre une atmosphère singulièrement alourdie depuis qu'une base de compromis proposée par M. Di Rupo avait été rejetée début juillet par les deux principaux partis flamands, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA, indépendantiste) et les chrétiens-démocrates du CD&V.
Sept autres partis des deux communautés linguistiques avaient en revanche donné leur accord pour ouvrir des négociations sur un programme de gouvernement et un transfert de compétences supplémentaires aux régions belges, comme le réclame la Flandre (60% de la population).
Albert II avait tenu en suspens la démission que M. Di Rupo lui avait présentée, dans l'espoir qu'il obtienne l'appui du CD&V, indispensable pour parvenir au quorum des deux tiers nécessaire à la Chambre pour une réforme constitutionnelle.
Finalement, le chef de ce parti, Wouter Beke, s'était dit mercredi prêt à négocier, quelques heures après une mise en garde solennelle du roi contre la poursuite de la crise.
Il avait toutefois exigé que certaines mesures trop favorables à ses yeux aux francophones dans la note de M. Di Rupo soient mises au placard.
M. Beke avait ensuite été invité jeudi à expliquer devant les sept autres partis sur quelle base exacte il était disposé à négocier la formation d'un gouvernement. La réunion aura duré près de sept heures.
Les négociations ne démarreront cependant pas immédiatement, a précisé le communiqué, le roi ayant proposé au chef du PS, qui l'a acceptée, une "trêve" jusqu'à la mi-août pour permettre aux responsables politiques belges de se reposer de leur "grande fatigue" après une crise de plus de 400 jours.
Depuis les législatives du 13 juin 2010, le pays est dirigé par un gouvernement qui expédie les affaires courantes.
Ensuite, "les discussions reprendront sur la base de l’organisation des travaux" que M. Di Rupo a fait avaliser par les huit partis.
Si l'accord s'est fait sur la méthode, cependant, on en est sans doute encore loin sur le contenu et l'équilibre reste "fragile" entre néerlandophones et francophones, a observé l'agence Belga.
Dans un communiqué séparé, le chef du PS a indiqué dans la nuit de jeudi à vendredi que, comme l'avait demandé le CD&V, les tractations commenceraient par le dossier le plus épineux, celui de la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde dit BHV, sans toutefois promettre qu'il serait dissocié des autres dossiers.
Le CD&V fait de la suppression des droits électoraux et judiciaires des francophones de la banlieue de Bruxelles, située en Flandre, un préalable.
En face, un responsable du parti libéral francophone, le MR, a déjà prévenu que lors des négociations à venir il se réservait de déposer des amendements, y compris sur l'élargissement de Bruxelles. Un casus belli pour les Flamands.