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L'opposant Georges Sabra arrêté par une "cinquantaine d'hommes armés"

Dans la nuit de mardi à mercredi, les services de sécurité syriens ont arrêté et conduit vers une destination inconnue une figure de l'opposition, Georges Sabra. Son fils Chadi Sabra livre à FRANCE 24 le récit de l'arrestation.

Georges Sabra, dirigeant du Parti du peuple démocratique (formation politique interdite en Syrie) et figure de l’opposition syrienne, a été arrêté, dans la nuit de mardi à mercredi, à son domicile à Qatana, au sud de Damas, par les services de sécurité syriens. Il a été conduit vers une destination inconnue et sa famille reste, depuis, sans aucune nouvelle de lui.

"Ils l'ont emmené sans même le laisser se changer"

"Vers 1 heure 30 du matin, une cinquantaine d’hommes en civil et armés, ont frappé à la porte de son domicile avant de l’emmener sans même le laisser se changer", raconte à FRANCE 24, son fils, le cardiologue Chadi Sabra, joint au téléphone à Carcassonne, dans le sud de la France. Ce dernier a été prévenu par téléphone de l’arrestation par sa mère présente, au moment des faits, dans le domicile familial. "Quatre hommes, plus calmes, sont revenus dix minutes après en se présentant comme des membres des services de sécurité, poursuit le docteur. Ils ont saisi l’ordinateur et le téléphone de mon père, avant de demander à ma mère de leur confier quelques vêtements." Depuis ce matin, Chabi Sabra consacre son temps à alerter les médias sur la situation de son père. "Ils réfléchiront, je l’espère, à deux fois avant de lui faire du mal."

Selon le cardiologue, plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette arrestation. "Depuis samedi, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées par l’armée dans la ville de Qatana. En réaction, mon père a alors accordé des entretiens à différents médias ces derniers jours, dont deux à FRANCE 24. C’est peut-être cela qui a irrité le régime", explique-t-il.

Joint au téléphone en Syrie par FRANCE 24, mercredi, l’opposant s’était exprimé sur la situation dans le pays. "Malheureusement, jusqu’ici, le pouvoir refuse d’entendre la voix du peuple qui s’exprime pacifiquement dans la rue et ne comprend pas que la solution sécuritaire est vouée à l’échec", avait alors déclaré Georges Sabra.

"Impossible de discuter sous la menace des armes"

L’autre hypothèse, évoquée par son fils, concerne les positions politiques de Georges Sabra, qui en tant que dirigeant du Parti du peuple démocratique, fait partie de l’opposition qui refuse de dialoguer avec le pouvoir. "Mon père a reçu un coup de fil, dimanche, l’invitant à participer au dialogue national, sous l'égide des autorités. Il a refusé car il est impossible, selon lui, de discuter sous la menace des armes, ce qu’il réclame est purement et simplement le changement", témoigne Chadi Sabra.

Georges Sabra avait déjà été arrêté le 10 avril et détenu pendant un mois, quelques semaines après le début du mouvement de contestation du régime du président Bachar al-Assad. "Ce n’est pas la première fois que le régime s’en prend à lui, il a déjà été détenu pendant huit ans, entre 1987 et 1995, en raison de ses activités politiques", précise son fils. Des arrestations qui ne parviendront pas à dissuader l’opposant de continuer son combat politique, "car il est intimement convaincu, comme le peuple, de la nécessité de changement", conclut le docteur.