La visite de l'ambassadeur américain Robert Ford effectuée la semaine dernière dans la ville assiégée de Hama a un peu plus envenimé les relations entre les États-Unis et la Syrie. Focus sur un diplomate qui ne mâche pas ses mots.
Nom : Robert Ford. Profession : ambassadeur des États-Unis en Syrie. Signe particulier : bête noire du régime du président Bachar al-Assad. Fait d’armes : une visite très médiatisée, le 8 juillet, dans la ville de Hama, assiégée par l’armée syrienne depuis plusieurs semaines et des critiques acerbes à l'encontre du pouvoir syrien via Facebook. Chef d'accusation : incitations "à la violence, à manifester et à refuser le dialogue".
"Al-Assad sera balayé par la rue"
Arrivé en Syrie en janvier, le premier ambassadeur américain depuis le rappel par Washington de Margaret Scobey, en 2005, n'a de cesse de faire enrager Damas. Et la tension risque de montrer encore d’un cran entre les deux parties. Jeudi, Robert Ford s'en est une nouvelle fois pris au régime syrien dans les colonnes de la revue Foreign Policy, qui fait référence en matière de diplomatie. "Je n'ai pas encore vu sur le terrain le moindre signe concret montrant que le gouvernement syrien serait prêt à engager des réformes à la vitesse exigée par les manifestants", a-t-il observé.
"S'il [le gouvernement syrien] ne se bouge pas plus rapidement, il sera balayé par la rue", a prédit l'ambassadeur, tout en appelant le président syrien à "prendre la décision difficile" d'engager des réformes. Il a jugé "hors sujets" les promesses faites par le régime, tant que les manifestations pacifiques seront réprimées. Damas "doit engager une vraie transition et ne pas se contenter de paroles ou de promesses", a-t-il dit.
Interrogé au sujet de ses déplacements dans le pays, Robert Ford a assuré qu'il n'avait pas l'intention d'arrêter d’aller à la rencontre des Syriens. En représailles à sa visite de Hama, située à 210 km au nord de Damas et théâtre de manifestations monstres contre le régime de Bachar al-Assad, son ambassade, à l’instar de l’ambassade française, a été la cible, le 11 juillet, de manifestations violentes orchestrées par des partisans du régime.
"Il est tout même ironique de constater le laisser-faire du gouvernement syrien quand il s’agit de manifestations anti-américaines tandis que, par ailleurs, les nervis des services de sécurité frappent des manifestants pacifiques, un rameau d’olivier à la main", écrit Robert Ford dans une note datée du 10 juillet, sur la page Facebook de l’ambassade américaine.
Clinton et Obama emboîtent le pas
Le 11 juillet, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a reproché au pouvoir syrien d'avoir "soit autorisé, soit suscité" les attaques contre l’ambassade. Pis, la secrétaire d'État a déclaré, pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation, le 15 mars, que Bachar al-Assad avait "perdu sa légitimité". "Il n'est pas parvenu à honorer ses promesses [...] le président Assad n'est pas indispensable", avait-elle jugé. Damas avait immédiatement répliqué en qualifiant ces propos d'acte d'"ingérence dans les affaires syriennes".
Le 12 juillet, le président américain, Barack Obama, lui a emboîté le pas. "Nous constatons de plus en plus que le président Assad perd sa légitimité aux yeux de son peuple. Il laisse passer une à une les occasions de présenter un véritable programme de réformes. Et c'est la raison pour laquelle nous œuvrons au niveau international pour faire en sorte de maintenir la pression, afin de voir si nous pouvons parvenir à de vrais changements en Syrie", a-t-il déclaré.
De son côté, le secrétaire d'État adjoint américain aux droits de l'Homme, Michael Posner, a laissé entendre, toujours le 12 juillet, que les États-Unis envisageaient de prendre de nouvelles sanctions à l'encontre du président syrien Bachar al-Assad.