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Le magnat Rupert Murdoch renonce au rachat de BSkyB

Sous la pression d'une classe politique britannique choquée par le scandale des écoutes illégales, le groupe News Corp., propriété de Rupert Murdoch, abandonne son projet de rachat total du bouquet satellite BSkyB.

AFP - Le magnat australo-américain Rupert Murdoch a retiré mercredi son offre de rachat total du bouquet britannique de chaînes par satellite BSkyB, à la suite du retentissant scandale des écoutes téléphoniques dont s'est rendu coupable l'un de ses titres-phares au Royaume-Uni.

"News Corporation retire sa proposition", a annoncé le groupe américain de Rupert Murdoch dans un communiqué.

"Nous pensions que la proposition de News Corporation profiterait aux deux sociétés (News Corporation et BSkyB) mais il est devenu évident qu'il est trop difficile de progresser dans ce climat", a estimé le vice-président de News Corporation, Chase Carey, précisant toutefois que News Corp restait "un actionnaire de BSkyB engagé sur le long terme".

Un porte-parole du Premier ministre David Cameron a immédiatement "salué" la décision de M. Murdoch. News Corp doit "concentrer ses efforts sur le ménage au sein du groupe et remettre de l'ordre dans ses affaires", a-t-il ajouté.

Le communiqué de News Corp a été diffusé moins d'une heure avant une motion que devaient voter à l'unisson, fait rarissime, les députés britanniques et qui devait appeler le baron de la presse à abandonner son projet de racheter les 61% de BSkyB qu'il ne détient pas encore.

La motion parlementaire était hautement symbolique car sans valeur légale contraignante.

L'union sacrée entre le Premier ministre David Cameron, le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg et le chef du Parti travailliste (opposition) Ed Miliband témoigne de l'ampleur de la révulsion suscitée par la révélation de pratiques journalistiques illégales, ou contraires à la déontologie.

Le scandale des écoutes révélé en 2005 pourrait concerner quelque 4.000 personnes, dont des membres de la famille royale, politiciens et célébrités. L'annonce la semaine dernière que la messagerie d'une fillette disparue puis assassinée avait été piratée par le tabloïde britannique News of the World (NotW), appartenant à News Corp, a suscité un tollé général.

News International (NI), filiale de News Corp qui réunit les journaux britanniques de Rupert Murdoch, a été contraint de fermer purement et simplement ce journal, qui était le plus fort tirage de la presse nationale. Sa dernière édition est parue dimanche.

Mais la fin de NotW n'a pas empêché le scandale de placer News Corp chaque jour davantage sur le banc des accusés.

La commission parlementaire des médias a ainsi demandé à entendre mardi prochain Rupert Murdoch, président de News Corp, ainsi que son fils James et Rebekah Brooks, respectivement président et directrice générale de News International. Les intéressés n'ont pas encore dit s'ils accepteraient de se déplacer.

Le scandale a par ailleurs poussé le Premier ministre à mettre en place, parallèlement aux investigations policières, une enquête publique sous la houlette d'un juge qui se penchera sur le piratage de messageries téléphoniques et l'éthique de la presse.

"Une tempête souffle sur les médias, sur la police et même sur la capacité de notre système politique à y répondre", a déclaré M. Cameron devant les députés mercredi.

Souhaitant "aller au fond des choses", il a affirmé que l'enquête publique aura de larges pouvoirs, allant jusqu'à la possibilité de "convoquer d'anciens Premiers ministres".

Se faisant menaçant, il a indiqué: "Les personnes impliquées - qu'elles aient été directement responsables de méfaits, qu'elles aient été sanctionnées pour cela ou qu'elles l'aient caché (...) - doivent non seulement être traduites devant la justice, mais aussi ne pas avoir de rôle dans la direction d'une entreprise de presse dans ce pays."

L'allusion est claire, non seulement à Rebekah Brooks mais également à James Murdoch, fils du magnat.

Dans une nouvelle attaque contre News Corp, M. Cameron a estimé que des "changements radicaux de l'organisation dans son ensemble" étaient "nécessaires".