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Faute de report, les avocats de Ben Ali se sont retirés de son deuxième procès

Dès l'ouverture du deuxième procès par contumace de Zine el-Abidine Ben Ali, les avocats de ce dernier se sont retirés pour protester contre le rejet de leur demande de report. L'ex-président est cette fois jugé pour détention de drogue et d'armes.

AFP - Le deuxième procès par contumace de l'ex-président tunisien Ben Ali, jugé pour détention d'armes et de stupéfiants, s'est ouvert lundi à Tunis, en l'absence des avocats de la défense qui se sont retirés pour protester contre le rejet de leur demande de report.

"Nous ne voulons pas participer à ce procès et nous nous retirons", a déclaré Me Hosni Beji, l'un des deux avocats commis d'office, quelques minutes après le début de l'audience, alors que le tribunal venait de rejeter sa demande de report.

Me Beji s'était auparavant adressé au juge Touahmi Hafi pour lui demander "d'étudier ce dossier avec sérieux".

"Nous oeuvrons pour ramener notre client devant la cour, nous allons rentrer en contact avec Zine El Abidine Ben Ali et nous comptons aller le voir en Arabie Saoudite", avait-il plaidé.

M. Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi sont réfugiés en Arabie Saoudite depuis leur fuite de Tunisie, le 14 janvier à la suite d'une révolte populaire. A l'ouverture de l'audience, le président du tribunal avait constaté "l'absence de l'accusé, qui est en fuite".

Après le retrait des avocats de la défense, qui depuis l'ouverture des procédures judiciaires contre M. Ben Ali dénoncent "une justice expéditive", le procès a repris devant une salle à moitié vidée.

Le juge a commencé à lire l'acte d'accusation contre le président déchu, poursuivi pour détention d'armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques dans l'affaire dite du "palais de Carthage".

Il a énuméré les pièces saisies dans le palais présidentiel, dans la banlieue de Tunis, après la fuite de M. Ben Ali. Appelé à la barre, le chef de la brigade des stupéfiants a ouvert une valise contenant les deux kilos de résine de cannabis saisis, ainsi qu'une enveloppe à bulles sur laquelle est écrit "Drogue". Le mot a été écrit de la main du président déchu, a affirmé le juge.

M. Ben Ali a déjà été condamné par contumace le 20 juin dernier à 35 ans de prison et 45 millions d'euros, avec son épouse Leïla Trabelsi, pour détournement de fonds.

Par contraste avec le premier procès, qui s'était ouvert dans une ambiance surchauffée, l'atmosphère lundi était relativement calme au tribunal de première instance de Tunis. Seules quelques huées ont éclaté dans la salle au moment du retrait de la défense, entraînant une brève suspension d'audience.

Quelques dizaines de Tunisiens s'étaient déplacés pour assister à l'audience, mais aucune manifestation n'avait été organisée à l'extérieur.

"Ca va maintenant, nous ne sommes plus stressés, on est entré dans le jeu et on a pris l'habitude", a indiqué Bachir Mahfoudhi, l'un des deux avocats commis d'office, peu avant l'ouverture du procès.

"On rentre dans la routine", a constaté un des deux policiers postés à l'entrée de la salle.

Peu avant le début de l'audience, un jeune de 20 ans, Ali Ayouni, s'est levé et a crié: "s'il vous plaît, que tout le monde se taise pour qu'on puisse tout comprendre et en profiter. C'est à l'image de ce qui se passe le pays, c'est une pièce de théâtre de plus!"