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L'acte d'accusation dans l'affaire Hariri remis à Beyrouth

Un groupe d'experts du Tribunal spécial pour le Liban a remis au procureur l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri (photo) en 2005. Quatre suspects y sont désignés, dont l'un est membre du Hezbollah.

AFP - Une délégation d'un tribunal de l'ONU a remis jeudi à Beyrouth l'acte d'accusation dans l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri en 2005, une affaire qui divise le Liban et fait craindre une nouvelle flambée de violences.

"Selon nos informations, un groupe d'experts du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a remis aujourd'hui au procureur Saïd Mirza l'acte d'accusation dans cette affaire", a déclaré à l'AFP Farès Souaid, un responsable du camp de l'opposition dirigé par Saad Hariri, ex-Premier ministre et fils de Rafic.

Des proches du gouvernement du Premier ministre Najib Mikati ont confirmé la remise de cet acte d'accusation, très attendu et dont la teneur n'a pas été rendue publique.

Néanmoins selon des télévisions locales, quatre suspects sont désignés dans cet acte, contre lesquels des mandats d'arrêt ont été lancés par le TSL. L'une des chaînes a aussi affirmé qu'au moins l'un des suspects est un membre du puissant mouvement chiite du Hezbollah.

Mais il n'était pas possible de confirmer ces informations.

Le TSL, mis en place en 2007, est à l'origine de la crise qui a fait tomber en janvier dernier le gouvernement d'union de Saad Hariri après la démission des ministres du camp du Hezbollah qui a dit s'attendre à être pointé du doigt par le tribunal de l'ONU.

Le Hezbollah, un mouvement islamiste armé, est désormais majoritaire avec ses alliés dans le nouveau gouvernement Mikati qui devait annoncer jeudi le programme de politique générale de son cabinet incluant la position du Liban au sujet du TSL. Le parti chiite avait tenté, en vain, de faire pression sur M. Hariri pour qu'il désavoue le tribunal.

Aucun porte-parole du TSL à La Haye n'était joignable dans l'immédiat pour une réaction. Le règlement du tribunal prévoit que l'acte d'accusation peut rester confidentiel "en cas de circonstances exceptionnelles", à la demande du procureur ou de la défense.

Le tribunal de l'ONU est chargé d'identifier et de juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, tué le 14 février 2005 dans un attentat au véhicule piégé à Beyrouth, au moment où le Liban était encore sous tutelle de la Syrie voisine.

Selon des experts, le Liban a désormais 30 jours pour exécuter les mandats  d'arrestation. Si les suspects ne sont pas arrêtés durant cette période, le TSL rendra public l'acte d'accusation et convoquera les suspects devant le tribunal.

Paris, Washington et l'ONU avaient exprimé leur inquiétude de la possibilité que le nouveau gouvernement ne cesse toute coopération avec le TSL. Ils avaient rappelé au cabinet Mikati ses "engagements internationaux", notamment concernant le financement du TSL, auquel Beyrouth participe à hauteur de 49%.

Le Liban est divisé au sujet du TSL, soutenu par le camp Hariri mais discrédité par le Hezbollah. Et une éventuelle accusation du Hezbollah dans l'assassinat du chef sunnite fait craindre des violences confessionnelles à l'image des heurts sanglants entre chiites et sunnites en 2008.