À l'issue des législatives, le parti nationaliste Yisrael Beiteinu est désormais la troisième force politique du pays. Au grand dam des dirigeants israéliens qui n'hésitent pas à qualifier son leader de "fasciste".
AFP - L'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman, dont le parti à le vent en poupe, s'est taillé une réputation d'"homme fort" prêt à expulser les Arabes qui ne prêteraient pas allégeance à Israël.
Jugé "fasciste" et "dangereux" par ses détracteurs, il promet aussi d'en finir avec les islamistes du Hamas dans la bande de Gaza, un objectif que n'a pas réalisé, selon lui, la dernière guerre dans ce territoire.
Un argument qui porte. A en croire les derniers sondages, son parti Israël Beiteinou ("Israël est notre maison") deviendrait la troisième force politique du pays avec 19 sièges contre 11 actuellement, sur 120.
Le "tsar" bénéficie du soutien d'une partie de l'opinion qui a mis le cap à droite et ne fait plus confiance aux grands partis pour régler les problèmes du pays.
En quelques semaines, cet homme replet de 50 ans, né en Moldavie, le visage bordé d'une barbe grise bien taillée, au lourd accent russe, est devenu le trublion des élections, en s'attirant une partie de l'électorat du Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu.
Inquiet de cette tendance, ce dernier, qui semble le mieux placé pour former la prochaine coalition, lui aurait déjà promis un ministère "important".
C'est l'offensive israélienne à Gaza, et ses suites, qui l'ont propulsé dans les sondages.
Depuis la fin des combats, il accuse le gouvernement "d'avoir empêché l'armée de finir le travail" dans le territoire d'où sont toujours tirées des roquettes.
Durant l'offensive, il avait même estimé nécessaire de "combattre le Hamas comme les Etats-Unis ont combattu les Japonais durant la Seconde guerre mondiale".
Mais le fond de commerce d'Avigdor Lieberman reste les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés en Israël après sa création en 1948, aujourd'hui 20% de la population. Une "cinquième colonne" potentielle, selon lui.
Le leader d'extrême-droite est entré en guerre contre plusieurs députés arabes, qui ont affiché leur solidarité avec les Palestiniens lors de l'offensive.
"Sans loyauté, pas de citoyenneté", prévient-il dans son poste de campagne qui assure aussi que "seul Lieberman comprend l'Arabe".
Une de ses idées phare est un échange de territoires peuplés d'Arabes israéliens contre des parties de Cisjordanie.
Laïc, M. Lieberman n'est pas un partisan du grand Israël, du Jourdain à la Méditerranée, même s'il vit dans une colonie près de Bethléem.
Il a même proposé un retrait israélien de quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, en cas d'accord de paix, pour parvenir à une "séparation" maximale entre Juifs et Arabes, et faire d'Israël un Etat "ethniquement homogène".
Arrivé à l'âge de 20 ans en Israël, Avigdor Lieberman est diplômé en Sciences sociales de l'Université hébraïque de Jérusalem.
Longtemps membre du Likoud, dont il a été directeur général, il a été un proche de Benjamin Netanyahu, dont il fut le chef de cabinet quand celui-ci était Premier ministre, entre 1996 et 1999.
Durant cette période, les médias l'ont surnommé "Raspoutine".
Depuis sa création en 1999, son parti n'a cessé de grimper dans les sondages en s'attirant notamment les suffrages des anciens immigrants d'ex-URSS. Mais sa percée récente est due au soutien d'Israéliens "de souche", qui constitueraient un tiers de son électorat potentiel.
Ministre des Affaires stratégiques, il avait claqué, en janvier, la porte du gouvernement pour protester contre les négociations avec les Palestiniens.
Une enquête pour corruption est actuellement ouverte contre lui.