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Quatre hauts responsables khmers rouges sur le banc des accusés

Les quatre plus hauts responsables khmers rouges encore en vie devront s'expliquer, à partir de ce lundi, sur un régime qui a tué au Cambodge près de deux millions de personnes entre 1975 et 1979. Ce procès devrait durer des années.

AFP - Le procès tant attendu des quatre plus hauts responsables khmers rouges encore en vie, jugés notamment pour génocide, s'est officiellement ouvert lundi à Phnom Penh devant le tribunal parrainé par l'ONU, plus de trente ans après les faits.

L'idéologue du régime de Pol Pot ou "Frère Numéro Deux" Nuon Chea, le ministre des Affaires étrangères Ieng Sary, le président du "Kampuchea démocratique" Khieu Samphan et la ministre des Affaires sociales Ieng Thirith répondent de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.

Les quatre accusés âgés de 79 à 85 ans, visiblement fatigués, étaient présents dans le box des accusés.

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Quatre hauts responsables khmers rouges sur le banc des accusés

"Je ne suis pas content de cette audience" a brièvement déclaré Nuon Chea, portant des lunettes noires pour protéger ses yeux de la lumière, avant de préciser que son avocat prendrait le relais plus tard.

Les cadres politiques du régime devront s'expliquer sur la mise en oeuvre méthodique et calculée, entre 1975 et 1979, d'une utopie marxiste délirante qui a tué d'épuisement, de famine, de maladie ou à la suite de tortures et d'exécutions quelque deux millions de personnes, soit un quart de la population du Cambodge de l'époque.

Le terme de génocide est communément utilisé pour évoquer cette période, mais les atrocités commises contre la population khmère ne sont pas reconnues comme tel par l'ONU. Ce chef d'accusation ne concerne donc que le massacre des Vietnamiens et de la minorité ethnique des Chams musulmans.

"Il n'y a jamais eu d'affaire aussi importante et aussi complexe depuis Nuremberg", avait déclaré il y a quelques jours le co-procureur international Andrew Cayley, en référence aux procès des dirigeants nazis après la Seconde guerre mondiale.

"C'est le procès le plus important que connaîtra jamais" le tribunal parrainé par l'ONU, juridiction hybride mise en place en 2006 après des années de tergiversations, avait-il ajouté.

Ce procès tranche avec les autres juridictions internationales exceptionnelles de part le monde, en ce qu'il est organisé sur le lieux même des atrocités jugées. A l'inverse notamment du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (La Haye) et du TPI pour le Rwanda (Arusha, Tanzanie).

De lundi à jeudi, ces audiences préliminaires seront consacrées à des questions de procédures, notamment les listes de témoins. Avant une suspension pour quelques semaines d'un procès qui doit durer des années.

Les observateurs et les quelque 4.000 parties civiles redoutent par dessus tout que certains des accusés ne vivent assez longtemps pour entendre le verdict, et que leur défense ne se concentre sur une stratégie d'obstruction.

Les premiers témoignages des quatre anciens responsables, en détention dans un bâtiment attenant au tribunal depuis leur arrestation en 2007, ne sont attendus qu'au plus tôt en août.

Et même s'ils ont déjà été jugés coupable par l'Histoire, ils devraient  rejeter toutes les accusations portées contre eux, même si certains ont reconnu les faits par le passé. Comme Nuon Chea, qui dans un récent documentaire, a admis le massacre de "traîtres" qui n'avaient pu être "rééduqués" ni "corrigés".

Lors de son premier procès, le tribunal a condamné en juillet 2010 à 30 ans de prison Kaing Guek Eav, alias "Douch", ancien chef de la prison de Tuol Sleng où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées.

Douch, qui a fait des aveux complets et demandé pardon aux victimes, a finalement demandé son acquittement en appel, assurant ne pas avoir été un haut responsable du régime. Un jugement est attendu dans les prochaines semaines.