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Malgré ses victoires diplomatiques, l'insurrection demeure en difficulté sur le terrain

L'Allemagne est devenu le 13e pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) "comme le représentant légitime du peuple libyen". Sur le terrain, dans la région de Brega, l'insurrection continue toutefois d'enregistrer de lourdes pertes.

AFP - Les rebelles libyens ont essuyé leurs plus grandes pertes depuis plusieurs semaines dans la zone de Brega alors que le régime subit de nouveaux revers diplomatiques avec l'appel lancé par Washington à l'Afrique pour pousser le colonel Mouammar Kadhafi au départ.

Au lendemain, d'une visite du chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle à Benghazi, le fief des insurgés, le ministère libyen des Affaires étrangères a qualifié ce déplacement d'"irresponsable" et dénoncé une "violation" de la souveraineté nationale de la Libye.

LE CANADA RECONNAîT LE CNT COMME "REPRéSENTANT LéGITIME"

Le gouvernement du Canada reconnaît l'organe politique de la rébellion libyenne, le Conseil national de transition (CNT), comme "le représentant légitime" du peuple libyen, a annoncé mardi le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.

Il a également indiqué que le Canada allait apporter une aide humanitaire supplémentaire de 2 millions de dollars aux civils libyens, particulièrement aux victimes de sévices sexuels.

Le Canada considérait jusqu'à maintenant le CNT seulement comme "un interlocuteur valable".

L'Otan qui a allégé ces trois derniers jours ses raids sur Tripoli, continue de bombarder des positions des forces du colonel Mouammar Kadhafi dans le reste du pays.

Dans son rapport quotidien, l'Alliance atlantique a indiqué mardi avoir visé la veille des cibles notamment à Misrata et Zliten (ouest).

La Grande-Bretagne qui participe aux opérations en Libye, a indiqué de son côté qu'elle pourrait être amenée à prendre des décisions importantes sur une réorientation de ses priorités militaires si l'intervention de l'Otan dans ce pays se prolonge.

Selon le chef de la Royal Navy, l'Amiral Mark Stanhope, les priorités devront être repensées si l'opération durait plus de six mois, estimant que cette campagne aurait été en partie moins onéreuse et "beaucoup plus réactive" si la Grande-Bretagne disposait toujours d'un porte-avion opérationnel.

A Washington, la Chambre des représentants américaine a adopté un amendement visant à interdire l'utilisation de fonds pour les opérations militaires américaines en Libye.

Entre-temps, les combats entre les forces loyalistes et les rebelles font rage à travers la Libye, notamment sur la ligne de front entre Ajdabiya et Brega, dans l'Est, où 21 rebelles ont été tués lundi selon un commandant des rebelles.

"Nos hommes ont été piégés. Les soldats de Kadhafi ont fait semblant de se rendre, ils sont arrivés avec un drapeau blanc, puis ils leur ont tiré dessus", a affirmé le commandant à l'AFP.

Une vingtaine de rebelles sont blessés et ont été transportés dans l'hôpital d'Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi.

Sur le plan diplomatique, Tripoli a subi un nouveau revers avec la reconnaissance par Berlin du "Conseil national de transition (CNT, comme) le représentant légitime du peuple libyen".

"Nous souhaitons une Libye libre, en paix et démocratique, sans Kadhafi", a poursuivi le ministre qui a aussi annoncé l'ouverture d'une représentation diplomatique allemande dans le fief des rebelles.

Condamnant un acte "irresponsable", Tripoli a estimé que cette "visite représentait "une violation flagrante de la souveraineté nationale, une ingérence dans les affaires intérieures d'un pays souverain et membre des Nations Unies et contraire aux normes et conventions internationales".

Washington tente de son côté d'isoler de plus en plus le colonel Kadhafi en le privant de son principal soutien, l'Afrique.

"Je demande à tous les Etats africains de faire pression pour la mise en oeuvre d'un véritable cessez-le-feu et d'appeler Kadhafi à quitter le pouvoir", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à Addis Abeba.

Elle a appelé les pays du continent "à suspendre les activités des ambassades" fidèles au régime de Tripoli et "à expulser les diplomates pro-Kadhafi" en poste dans ces pays.

Après les Emirats arabes unis dimanche, l'Allemagne est devenue le 13e pays à reconnaître le CNT.

Dimanche, le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, a de nouveau affirmé qu'il ne cèderait pas d'un pouce, malgré les défections et la multiplication des appels internationaux, notamment celui de la Russie, pourtant son ancien allié, qui doit envoyer la semaine prochaine un émissaire à Tripoli.

Le conflit a fait depuis le 15 février entre "10.000 et 15.000" morts selon l'ONU, et obligé près de 952.000 à prendre la fuite, selon l'Organisation internationale pour les migrations.