logo

Pour la première fois depuis sa chute, Ben Ali sort de sa réserve

L'ex-président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali s’est exprimé par la voix de son avocat pour qualifier de "mascarade" son procès pour abus de pouvoir et malversations qui doit s’ouvrir dans les prochaines semaines à Tunis.

AFP - Le procès instruit à Tunis à l'encontre du président déchu Zine el Abidine Ben Ali est "une mascarade" et les perquisitions dans ses bureaux "des mises en scène", a affirmé lundi son avocat français Jean-Yves Le Borgne.

Biens de Ben Ali : le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire

Le parquet de Paris annonce, ce lundi, avoir ouvert une enquête préliminaire sur les biens en France de l'ex-président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali et de son entourage. Celle-ci fait suite à une plainte déposée par trois ONG, le 7 janvier dernier. Selons elles, ces biens ont vraisemblablement été acquis avec de l'argent volé à l'État tunisien.

"Lassé (du) rôle de bouc émissaire reposant sur le mensonge et l'injustice, le président Ben Ali sort exceptionnellement de sa réserve", écrit Me Le Borgne dans un communiqué transmis à l'AFP.

Selon lui, "les perquisitions effectuées dans ses bureaux officiels et personnels ne sont que des mises en scène destinées à le discréditer" et "le procès que la Tunisie instruit à son encontre n'est qu'une mascarade dont le seul sens est d'illustrer une rupture symbolique avec le passé".

D'autre part, Zine el Abidine Ben Ali affirme également par le biais de son conseil parisien "qu'il ne possède ni biens immobiliers, ni avoirs bancaires en France non plus que dans un autre pays étranger".

"L'opinion, souvent guidée par la presse, s'est enfermée dans un manichéisme élémentaire selon lequel le régime politique tunisien d'hier est responsable de tous les maux et coupable de tous les crimes", déplore l'avocat.
              

La fortune des Ben Ali dans la nature

Aucun expert n’a une idée précise du montant de la fortune du clan. Seule estimation, le classement Forbes de 2008 qui estime la fortune personnelle de Ben Ali à 5 milliards d'euros.

Difficile aujourd’hui de savoir où est passé cet argent. La France a constitué une équipe au sein de Tracfin, le service de renseignement de Bercy, qui traque les actifs du clan Ben Ali. Il aurait déjà décelé, selon l’AFP, des "mouvements suspects" sur les avoirs du clan en France.

Ben Ali et sa femme possèderait également, selon Catherine Grassiet, des biens à Malte, à Dubaï et en Argentine. 

Selon la rumeur, il manquerait 1,5 tonnes d’or dans les coffres de la Banques centrale de Tunisie (BCT). D’après le journal Le Monde, la famille Ben Ali se serait enfuie avec des lingots d’un montant évalué à millions d’euros.
 

"Ainsi cultive-t-on la haine envers le président Ben Ali et ceux qui, parents ou collaborateurs, ont été à ses côtés", poursuit-il, estimant que cette détestation et ce culte du regard en arrière tiennent lieu de légitimité au pouvoir transitoire et confus actuellement en place" en Tunisie.

Le ministère tunisien de la Justice a annoncé la semaine dernière que le président déchu et son épouse Leila Trabelsi, en fuite en Arabie Saoudite depuis la chute du régime le 14 janvier, seraient jugés par contumace "dans les jours ou les semaines à venir" pour deux premières affaires.

La première porte sur "la découverte d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage", la deuxième sur 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission tunisienne anticorruption dans un palais de Ben Ali à Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis, selon un porte-parole du ministère.

Selon lui, 88 enquêtes au total sont en cours concernant le couple Ben Ali, sa famille et d'anciens ministres et responsables du régime déchu. Elles concernent des cas d'homicides volontaires, abus de pouvoir, malversation, trafic de pièces archéologiques, blanchiment d'argent et violation de la réglementation sur les marchés publics.

Plusieurs pays européens ont gelé les avoirs de l'ex-président tunisien et ceux de sa famille, qui s'était considérablement enrichie pendant ses 23 ans de pouvoir.

M. Ben Ali a fait appel à un avocat libanais de renom, Me Akram Azouri, pour assurer sa défense devant les tribunaux tunisiens et internationaux. "Nous travaillons ensemble", a indiqué à l'AFP Me Le Borgne, vice-bâtonnier du barreau de Paris.

En France, le parquet de Paris a ouvert en janvier une enquête préliminaire pour recenser et identifier l'origine des biens détenus par l'ex-président Ben Ali et son entourage, à la suite d'une plainte pour corruption de trois ONG.