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Entre sarcasmes et mépris, la presse française se déchaîne contre Luc Ferry

De nombreux éditorialistes français estiment que les accusations de pédophilie avancées sans preuves par l’ex-ministre, Luc Ferry, à l’encontre d’un homme politique relèvent de la dénonciation calomnieuse.

"Du bruit, du buzz, du vide". Depuis que l’ancien ministre, Luc Ferry, a assuré sur le plateau du Grand journal de Canal +, lundi, qu'un homme politique français de haut rang avait participé à une partie fine au Maroc en compagnie de mineurs, les réactions virulentes à son égard fusent dans les médias. En tête, Libération, qui ne cache pas son mépris à l’égard de l’ex-ministre de l'Éducation nationale. Le quotidien de gauche ne mâche pas ses mots envers celui qu'il surnomme, en une ce jeudi, "Dirty Ferry". "Luc Ferry va avoir à philosopher sur son pathétique accident", lâchent les journalistes Alain Auffray et Antoine Guiral. De son côté, si l’éditorialiste, Nicolas Demorand, fait preuve d'une certaine retenue concernant le volet judiciaire - "Si c’est avéré, c’est un scandale d’État" -  l'ancien chroniqueur de France Inter n'épargne pas l’ancien ministre, jugé "mi-bravache, mi-morveux", le tenant responsable d’allégations aussi "gravissimes" que "fumeuses et incompréhensibles".

"Voltaire de pacotille" 

Un ton acerbe et des noms d’oiseaux dont Libération n'a pas le monopole. L’homme jugé "accessoirement philosophe" ou "Voltaire de pacotille" est en fait "une vulgaire balance", estime la Dépêche du Midi. "Pire, Luc Ferry serait peut-être même un homme malade touché par le 'syndrome DSK' qui habite désormais la classe politico-médiatique avec une frénésie qui brouille jusqu'aux esprits supposés les plus raisonnables".

Plus subtile, la Charente Libre use et abuse du sarcasme : "On connaissait l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours…", écrit le journaliste qui n'hésite pas à reléguer les révélations de Luc Ferry au rang de petit racontar. "Ces derniers temps, les philosophes ont malheureusement montré que leur capacité à éclairer le monde avait singulièrement baissé en intensité…"

"Le grand déballage du printemps"

Sceptique, l'Est Républicain s'interroge sur les intentions de l'ancien ministre : "Luc Ferry a-t-il ouvert le grand déballage du printemps ?", se demande le journaliste Michel Vagner. "Soit les faits criminels sont vrais, et ce n'est pas devant une caméra qu'il aurait dû lancer ses révélations (…) Soit ils sont faux et on se demande quelle mouche a piqué l'intellectuel, sinon le besoin de faire parler de lui."

Certains médias, plus prudents, préfèrent ne pas surfer sur la polémique et laisser à la justice le temps de faire son travail. Le Parisien aborde ainsi le sujet de manière factuelle, sans aucun commentaire. Le Figaro, quant à lui, n'évoque même pas l'affaire dans l'édition de ce jeudi. 

"C’est la démocratie qui trébuche et titube"

De leur côté, les quotidiens le Journal de la Haute-Marne et l’Alsace déplorent le spectacle d’une scène politique souillée par "les eaux boueuses d’histoires glauques". Tous deux accusent Luc Ferry de "salir la République". "L’air devient irrespirable (…) et c’est la démocratie qui trébuche et titube", peut-on lire dans les lignes du quotidien champenois. "Faire le juste choix d'informer sans diffamer est parfois moins évident qu'il n'y paraît, surtout à l'approche d'une campagne électorale où tous les coups sont à craindre, à défaut d'être permis", écrit de son côté l’éditorialiste alsacien Patrick Fluckiger.

Outre-Manche, seul le quotidien britannique The Guardian semble trouver un aspect positif à ce nouveau feuilleton sexuel. "Beaucoup de journalistes ont prédit un ‘avant et après DSK’. Le harcèlement sexuel qui prévaut dans le milieu politique touche à sa fin et les agressions sexuelles ne seront désormais plus passées sous silence sous prétexte qu’elles concernent des personnalités politiques".