Une semaine après l'abandon des poursuites pour trahison le visant, l'ancien chef de l'État hondurien, chassé du pouvoir en juin 2009, a été accueilli par des dizaines de milliers de partisans à Tegucigalpa, la capitale.
AFP - L'ex-chef de l'Etat hondurien Manuel Zelaya a effectué un retour triomphal samedi à Tegucigalpa où il a été accueilli par des dizaines de milliers de partisans, deux ans après le coup d'Etat qui l'avait évincé du pouvoir.
Vêtues de rouge, ces dizaines de milliers de personnes ont attendu durant des heures l'arrivée de ce colosse moustachu de 1,90 m, en provenance du Nicaragua voisin, où il avait passé la nuit après un exil de 16 mois en République dominicaine.
Certaines ont souffert un malaise en raison de la chaleur, supérieure à 30 degrés celsius.
"Nous venons plein d'optimisme et d'espoir pour chercher une sortie à la crise. A un moment, tout était quasiment perdu, mais nous n'avons jamais été vaincus", a déclaré Zelaya, arborant son célèbre chapeau blanc, sur une estrade installée près de l'aéroport de la capitale.
L'ex-président a également rendu "hommage à ceux qui sont tombés dans cette lutte et cette bataille (...) à ceux qui ont versé leur sang", en mentionnant trois personnes, dont Isis Obed Murillo, 18 ans, mort une semaine après le coup d'Etat.
Le 28 juin 2009, Zelaya, élu sous l'étiquette libérale en 2006 mais auteur d'un virage à gauche deux ans plus tard, avait été arrêté au saut du lit, en pyjama, par l'armée de ce petit pays pauvre d'Amérique centrale, avec l'aval du Congrès et de la Cour suprême.
Ces trois institutions dénonçaient sa volonté d'organiser une consultation, selon elles illégale, visant à réformer la Constitution qui interdit à un président de briguer un second mandat.
Le retour de Zelaya, 58 ans, a été rendu possible par l'annulation récente des poursuites pour corruption et haute trahison à son encontre.
Il est retourné dans son pays accompagné de son épouse, Xiomara Castro, de sa fille, de ses deux petites-filles et de personnalités internationales, comme Nicolas Maduro, le chef de la diplomatie de son grand allié, le Venezuela.
Après les retrouvailles avec ses partisans, venus de tout le pays en autocar ou en voiture, il devait être reçu au palais présidentiel par le chef de l'Etat du Honduras, Porfirio Lobo, avec qui il a signé un accord de réconciliation dimanche en Colombie, et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza.
L'OEA avait exclu le Honduras de ses rangs après le coup d'Etat et attendait le retour de Zelaya pour le réintégrer en son sein, permettant de débloquer l'aide internationale, vitale pour ce pays où 70% des près de huit millions d'habitants vivent avec moins de 4 dollars (3 euros) par jour.
Zelaya revient avec l'intention affichée de mener une "lutte pacifique et démocratique" pour reprendre le pouvoir aux élites qui l'en ont évincé.
L'adoption en février d'une réforme de la Constitution, autorisant des référendums sur des points comme celui interdisant toute réélection du président, pourrait lui permettre de briguer un nouveau mandat en 2013, d'autant qu'il revient avec un fort capital politique.
Zelaya "a aidé les pauvres, ce qu'aucun président n'avait fait. C'est pour cela que nous sommes tous là, car nous espérons aussi que sous sa direction, on puisse faire quelque chose avec le Front de résistance (FNRP)", rassemblement de mouvements sociaux créé après le coup d'Etat, a déclaré Arnulfo Mendez, 62 ans.
Si la Constitution n'est pas réformée l'ancien président pourrait laisser la place à son épouse, Xiomara Castro, 51 ans, très en vue après le putsch.
"Elle a gagné ce droit dans la rue après le coup d'Etat, elle exerce un leadership", selon le sous-coordinateur du FNRP, Juan Barahona.