L'enquête sur le crash du vol AF 447 Rio-Paris, en juin 2009, pointerait les agissements des pilotes, selon des sources proches du dossier. Mais les familles des victimes considèrent que l'enquête est loin d'être bouclée.
Selon des informations révélées par le Wall Street Journal et le Der Spiegel, les premiers examens des boîtes noires du vol AF 447 Rio-Paris mettraient en cause l'attitude de l'équipage.
Face à un défaut des indicateurs de vitesse, les pilotes n'auraient pas réagi selon les procédures habituelles mises en œuvre en cas de dysfonctionnement de ce type. Mais le président d'une association des familles des victimes rappelle que plusieurs enquêtes sont en cours et que des éléments importants n'ont pas encore été analysés.
Peu de certitudes pour le moment
"Les premiers éléments dont nous disposons ne permettent pas de dégager les responsabilités ni de dire avec certitude que c'est la faute des pilotes. D'autres éléments de l'avion sont encore en cours de repêchage, il y a notamment des calculateurs de vol qui seront remontés," affirme Jean-Baptiste Audousset, président de l'association Entraide et solidarité AF 447, contacté par France 24. Il souligne qu'un long travail est nécessaire pour recueillir toutes les données contenues dans les boîtes noires. "Les familles des victimes sont prêtes à accepter les raisons de l’accident, mais pas de manière précipitée," déclare-t-il.
Les enquêteurs du Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) pour la sécurité de l'aviation civile devaient initialement rendre leurs conclusions sur l'accident à l'été 2011, mais le calendrier a été finalement avancé à vendredi prochain.
Des conclusions "précipitées"
L’association des familles de victimes déplore une "précipitation" et fait le lien avec la tenue du salon du Bourget, un important rendez-vous de l'industrie aéronautique, en juin: "Il y a peut-être une pression exercée sur le BEA pour qu’il rende des conclusions rapidement, notamment avant le début du Salon."
Jean-Baptiste Audousset rappelle également qu’une enquête pénale est toujours en cours, parallèlement à l’enquête technique. Les conclusions de cette dernières, insiste-t-il, devront "être prises en compte". En mars 2011, le constructeur Airbus ainsi que la compagnie Air France ont été mis en examen pour homicide involontaire. Les familles des victimes se sont, quant à elles, constituées partie civile depuis juin 2009 - date de l'accident.
La mise en cause des sondes Pitot
Dès octobre de la même année, le BEA avait pointé la défaillance des sondes Pitot, chargées de mesurer la pression subie par l'avion pour en déduire sa vitesse et fabriquées par le groupe Thalès. Les enquêteurs estimaient cependant que cette anomalie n'était pas responsable à elle seule de l'accident.
Suite aux révélations sur la potentielle responsabilité de l'équipage du vol AF 447, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) s'est exprimé lundi dans un communiqué où il met en garde contre les "soupçons infondés sur le comportement professionnel de l’équipage". Pour rappel, les boîtes noires de l’appareil ont été repêchées début mai dans l’océan Atlantique par 3 900 mètres de fond. Le crash du vol Rio-Paris avait coûté la vie à 228 personnes.