, envoyé spécial de France 24 à Abidjan – Centre de la nation, samedi, lors de l'investiture d'Alassane Ouattara, Yamoussoukro est redevenue la ville qui attend de jouir du statut que Félix Houphouët-Boigny voulait lui offrir : celui d’une majestueuse capitale politique. Diaporama.
Hôtels affichant complets, important déploiement des forces de sécurité, défilés incessants de convois présidentiels, bouchons à l'entrée de l'imposante fondation Félix Houphouët-Boigny... Le temps d'une journée, Yamoussoukro a fait honneur à son rang : celui d'une capitale administrative et politique.
Samedi 21 mai, lors de la cérémonie d'investiture du président ivoirien, Alassane Ouattara, cette ville de 250 000 âmes aurait presque fait croire que le vœu formulé, il y a près de 30 ans, par le "père de la nation", Félix Houphouët-Boigny, venait d'être exaucé. Mais la grande capitale que le premier président de la Côte d'Ivoire indépendante voulait ériger sur les terres qui le virent naître en 1905 n'est jamais réellement sortie de terre.
De fait, c'est la sudiste Abidjan, qui concentre aujourd'hui tous les pouvoirs. Poumon économique du pays, la métropole de plus de 5 millions d'habitants abrite toujours l'ensemble des institutions (résidence et palais présidentiels, primature, Assemblée nationale, Sénat...) que "le Vieux", comme l'appelaient affectueusement ses concitoyens, souhaitait déplacer à Yamoussoukro selon des plans élaborés avec l'architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury.
À la mort du "président-fondateur" en 1993, la ville fut délaissée par son successeur, Henri Konan Bédié. Et, paradoxalement, ce fut l'opposant historique au régime d'Houphouët, le socialiste Laurent Gbagbo, qui décida de relancer l'ambitieux projet dès son arrivée au pouvoir en 2000. Mais c'était sans compter sur le coup d'Etat avorté de 2002 et la longue crise politico-militaire qui en résulta. Une décennie durant, les chantiers ne cessèrent d'être interrompus, repris, suspendus.
À l'heure de la reconstruction, Yamoussoukro se reprend à rêver. Aujourd'hui à la tête de l'État, Alassane Ouattara affirme vouloir installer ses quartiers dans la capitale inachevée. La résidence présidentielle de Cocody, à Abidjan, où fut capturé Laurent Gbagbo le 11 avril, lui rappellerait sûrement de bien mauvais souvenirs.