"Twittamentary", de la réalisatrice Tan Siok Siok (photo), est le premier documentaire à s’intéresser au site de microblogging. C’est aussi le premier documentaire collaboratif. Une immersion dans le "zeitgeist" (l'esprit du temps) de Twitter.
@Mika_Tan, @TruckerDesiree, @padschicago ou encore @ReganPTX ne graviront pas les marches du Festival de Cannes. Ils sont pourtant au générique d’un film attendu, du moins sur Internet. "Twittamentary" est, en effet, le premier documentaire sur Twitter. Il vient d’être finalisé et devrait être présenté "cet automne lors d’un festival", assure à FRANCE 24 la réalisatrice Tan Siok Siok qui vit à Singapour.
Construit comme un road-movie, "Twittamentary" emmène les spectateurs à la rencontre d’utilisateurs de Twitter à travers les États-Unis. "Un trader de Chicago explique comment il utilise Twitter pour la bourse, une prostituée s’en sert comme d’un GPS ou encore une sans-domicile fixe qui se connecte au monde depuis une bibliothèque publique", raconte Tan Siok Siok.
Elle a lancé son projet de documentaire en avril 2009. Son ambition est de "montrer comment Twitter peut affecter la vie des gens". Une trentaine de personnes ont accepté de participer à cette expérience.
Le film ne s’arrête que très peu sur l’aspect technologique du célèbre service de
microblogging, mais tente de capter ce que Tan Siok Siok appelle "le zeitgeist" ("l’esprit du temps") de Twitter. "J’ai compris pendant le tournage à quel point Twitter permet à certaines personnes de combler des besoins fondamentaux comme l’amitié, l’amour ou la reconnaissance", souligne la réalisatrice.
Collaboratif
Par ailleurs, "Twittamentary" n’a pas été construit comme un documentaire traditionnel. Pas de réseau social sans interaction : le même principe a servi de fil rouge au tournage. Ce sont les utilisateurs qui ont soumis leur histoire à la réalisatrice sur un site mis en ligne à cet effet en 2009.
Tous les préparatifs pour la séquence à Chicago ont, par exemple, été organisés par la communauté Twitter. L’équipe du documentaire n’avait plus en arrivant qu’à suivre leurs indications. "Nous avons également associé les "twitternautes" au montage en tenant compte de leur avis sur ce que nous leur montrions au fur et à mesure", précise Tan Siok Siok.
Une démarche collaborative certes inédite pour un documentaire mais qui permet en même temps de créer un buzz. Ainsi le fil Twitter du projet mis en place il y a quelques semaines seulement avoisine déjà le millier d’abonnés. Une réussite pour un film qui n’est soutenu par aucune maison de production. Le chanteur de l’ancien groupe de punk canadien D.B.S., Andy Dixon, a de son côté spontanément composé un morceau pour promouvoir le documentaire.
Tan Siok Siok peut en outre espérer bénéficier du nouvel intérêt pour les films et documentaires autour d'Internet suscité par "The Social Network", le film qui relate les débuts de Facebook. Depuis lors, Steven Spielberg a acheté les droits d’un livre sur les coulisses de WikiLeaks, le site qui a révélé des centaines de milliers de documents secrets notamment américains. Un autre film consacré à Sergei Brin et Larry Page, les deux fondateurs du géant d'Internet Google, serait également à l’étude.