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Christine Lagarde mérite-t-elle le poste de DSK ?

La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde, a reçu ces derniers jours plusieurs appuis à une éventuelle candidature pour devenir la prochaine directrice du FMI. Si son profil est séduisant, il n’est pas parfait pour autant.

Après Dominique Strauss-Kahn, Christine Lagarde ? À peine le premier annonçait-il, jeudi, sa démission du Fonds monétaire international (FMI) que l’éventuelle candidature de l’actuelle ministre française de l’Économie au poste de DG de l'institution gagnait en crédibilité - du moins en Europe.

"Elle a une très forte autorité, ce qui est vitale pour trouver un consensus dans des négociations sur des dossiers importants", affirme Anders Borg, ministre suédois des Finances, sur la chaîne britannique Sky News. Christine Lagarde pourrait également bénéficier du soutien de Berlin, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung - qui la qualifie de "favorite".

Jeudi midi, la principale "intéressée" a appelé à "une candidature européenne de rassemblement", sans pour autant évoquer son propre cas. En France, le secrétaire d'État aux Transports, Thierry Mariani, a reconnu, jeudi, qu’elle serait "une bonne candidate", mais que ce sera "difficile". En effet, la candidature de Christine Lagarde ne présente pas que des avantages.

Pourquoi ferait-elle l’affaire ?

Une vraie stature internationale : Quatre ans passés à Bercy ont permis à Christine Lagarde de se faire respecter sur la scène internationale. A tel point qu’en 2009, l’influent quotidien économique britannique The Financial Times l’élisait "meilleure ministre des Finances de la Zone euro".

Elle connaît la situation de la zone euro : Les Européens veulent quelqu’un qui, comme Dominique Strauss-Kahn, a les relations nécessaires au sein des pays de la zone euro pour mener efficacement les négociations afin de sortir de la crise des dettes souveraines. C’est le cas de Christine Lagarde, qui a participé à l’élaboration de tous les plans de sauvetage successifs - Grèce, Irlande, Portugal.

Elle a la fibre américaine : La ministre française n’est pas un pur produit européen. Elle a travaillé près de dix ans à Chicago dans le cabinet d’avocat Baker & Mckenzie (de 1995 à 2004), dont elle a été l’une des dirigeantes. Des accointances avec les Etats-Unis qui ne seraient pas pour déplaire outre-Atlantique car "même si les Etats-Unis n’ont pas à désigner le directeur du FMI, leur influence sur le fonctionnement de l’institution est important", rappelle Christine Rifflart, économiste à l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) à France 24.

C’est une femme : Christine Lagarde est actuellement la seule femme parmi les candidats potentiels. Jusqu’à présent, tous les directeurs du FMI ont été des hommes. L’accession de la ministre française de l’Économie à la tête de l’organisation internationale pourrait être un symbole fort "à même de faire oublier l’origine européenne et française de Christine Lagarde", juge Robert Wade, économiste à la London School of Economics sur France 24.

Pourquoi elle ne ferait pas l’affaire ?

Encore la France ? Les déboires juridiques actuels du désormais ex-DG du FMI font que la France ne fait pas partie des favoris pour présenter un candidat. Un désavantage d’autant plus important que depuis la création du FMI, en 1946, quatre de ses dix directeurs ont été des Français (Pierre-Paul Schweitzer de 1963 à 1973, Jacques de Larosière de 1978 à 1987, Michel Camdessus de 1987 à 2000 et donc Dominique Strauss-Kahn de 2007 à 2011).

Encore un Européen ? Depuis ses débuts, le FMI a toujours connu un directeur européen. C’est le résultat d’un accord tacite avec les États-Unis, qui, de leur côté, gardent la main sur la direction de la Banque mondiale. Les pays émergents aimeraient bien que leur poids grandissant dans l’économie mondiale se traduise enfin par un directeur issu de leurs rangs. Ils pourraient donc s’opposer, par principe, aux candidats provenant du Vieux Continent.

La "casserole" Bernard Tapie : En France, Christine Lagarde pourrait se retrouver devant la Cour de justice de la République pour "abus d’autorité". En effet, le parquet a demandé, début mai, l’ouverture d’une enquête. La ministre est accusée d’avoir tout fait pour favoriser l’homme d’affaires Bernard Tapie dans le différend qui l’oppose, depuis plus de dix ans au Crédit Lyonnais. L’hebdomadaire satirique le Canard Enchaîné a révélé mercredi un rapport de la Cour des comptes très critique envers la ministre de l’Économie. Un scandale politico-judiciaire susceptible d'être fatal à son éventuelle candidature à la direction du FMI.