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Après l'incarcération de Dominique Strauss-Kahn, les socialistes s'unissent pour dénoncer ce que Robert Badinter qualifie de "lynchage médiatique". François Fillon évoque de son côté "le droit au respect" pour "la victime présumée".

AFP - Au lendemain de l'incarcération de Dominique Strauss-Kahn, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont rompu le silence qu'ils observaient depuis le début de l'affaire, semblant durcir le ton, tandis que Martine Aubry (PS) a appelé à maintenir le cap pour la primaire de 2012.

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"Grande perturbation autour de la primaire socialiste"
Les socialistes évoquent une "épreuve collective", la majorité sort de son silence

Lors du petit déjeuner hebdomadaire de la majorité, le chef de l'Etat, sans citer le nom de DSK, a appelé au "travail, au sang-froid, au courage, à l'unité" et aussi à "la dignité", selon un participant. "Nous devons conduire le pays, nous sommes des rocs de solidité, je ne le pense pas que depuis ce week-end", a ajouté Nicolas Sarkozy.

Devant les députés UMP, François Fillon a aussi appelé à "faire preuve de mesure et de responsabilité", jugeant que "personne ne doit exploiter cette affaire". Mais si les faits reprochés à DSK étaient avérés, "nous serions en présence d'un acte très grave qui n'appelle aucune excuse", a dit le Premier ministre, selon des participants à cette réunion à huis clos.

Parlant d'"une affaire de droit commun, pas une affaire d'Etat", il a également rappelé le "droit à la présomption d'innocence" pour DSK mais aussi "le droit au respect et à la compassion" pour "la victime présumée".

Dans la matinée, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé avait, lui, laissé paraître une certaine lassitude, estimant qu'on avait "fait le tour du sujet" et que le sort de DSK relevait maintenant "de la justice américaine".

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"Nous savons ce qu'attendent les Français"

Plusieurs députés UMP du collectif de la "Droite populaire" ont dénoncé "la solidarité de caste" de certains socialistes à l'égard de DSK.

Alors que la plaignante avait jusqu'ici été peu présente dans le discours des socialistes, Martine Aubry (PS) a estimé qu'il fallait "attendre les faits" et "la version" de DSK, mais aussi "respecter la jeune femme" qui l'accuse.

Auparavant, plusieurs personnalités socialistes avaient défendu DSK avec des mots très forts, Jack Lang parlant de "lynchage" aux Etats-Unis sans exclure l'idée de vouloir "se payer un Français", Robert Badinter y voyant "une mise à mort médiatique" avec "l'exhibition provoquée" du patron du FMI menotté.

Attention à ne "surtout pas porter atteinte aux intérêts" de DSK avec des déclarations sur la justice américaine car "ce que nous disons ici est entendu là-bas", a prévenu le strauss-kahnien Jean-Jacques Urvoas.

Le prési

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"On assiste à une mise à mort médiatique"

dent du groupe PS au Sénat, Jean-Pierre Bel, a appelé à ne "pas parler à l'imparfait de l'innocence de Dominique Strauss-Kahn", favori jusqu'ici des sondages pour la primaire.

Mais alors que Claude Bartolone a appelé à "éviter un moment difficile supplémentaire" avec la primaire et à se ranger derrière Martine Aubry, la patronne du PS a assuré que ce n'était "pas le moment" de parler de son éventuelle candidature.

Au siège du PS qui réunissait un Bureau national, Mme Aubry a réaffirmé que l'heure était à "l'unité, la responsabilité, la combativité". Devant les quelque deux cents journalistes qui se pressaient rue de Solférino, Ségolène Royal a estimé que le PS vivait "une épreuve collective très lourde".

Les strauss-kahniens, Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Moscovici, ainsi que le candidat à la primaire François Hollande, n'ont pas dit un mot.

"Nous serons au rendez-vous de 2012", "ce qu'il se passe aujourd'hui avec Dominique est extrêmement grave, mais rien ne justifie aujourd'hui que nous changions ce que nous avons à faire", a dit Mme Aubry. "Ce n'est pas le Parti socialiste qui est dans le box", a lâché le porte-parole, Benoît Hamon.