logo

Pas de poursuites judiciaires à l’encontre des membres de la FFF

Au terme de l’enquête diligentée par le ministère des Sports sur l’affaire des quotas ethniques dans le football français, la ministre Chantal Jouanno a annoncé qu’aucune poursuite judiciaire ne serait engagée à l’encontre des membres de la FFF.

Laurent Blanc, ainsi que tous les autres membres de la FFF, ne seront pas poursuivis pour les propos qu’ils ont tenus lors de la réunion de la Direction technique nationale du 8 novembre 2010.

C’est ce qui ressort des déclarations de la ministre des Sports, Chantal Jouanno, qui s’est exprimée, ce mardi, sur l’enquête menée depuis le 2 mai par les services de son ministère, et dont les conclusions lui ont été remises dans la soirée de lundi.

it

Lors d'une conférence de presse, Chantal Jouanno a annoncé que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne porterait donc pas l’affaire en justice : "Les éléments dont nous disposons ne nous permettent nullement de prouver l’existence d’un système de quotas ou d’un projet de système de quotas. Aujourd’hui on n’a pas les éléments pour transmettre quoi que ce soit au procureur."

Après avoir rappelé que le monde du football avait été "gravement déstabilisé par les révélations du site Mediapart", la ministre a tout de même confirmé qu’il apparaissait "très clairement que les discussions sur des moyens pour limiter le nombre de joueurs binationaux et de quotas [avaient] bien été tenus".

Pas de chasse aux sorcières

Chantal Jouanno est également revenue sur les responsabilités individuelles de plusieurs cadres de la Fédération. Elle a reconnu que le directeur technique national (DTN) François Blaquart avait "tenu" des "propos regrettables" mais a néanmoins assuré qu’"aucun document ne [pouvait] laisser penser qu’une philosophie discriminatoire ait pu être entretenue à la DTN".

it

Elle s’est enfin largement prononcée sur le cas Laurent Blanc, qu’elle estime indissociable du contexte : "Il s’agissait d’une réunion interne à la DTN. […] Blanc assistait pour la toute première fois à ce type de réunion. Les auditions montrent clairement qu’il découvrait ce débat. Il n’avait aucun projet arrêté sur ce sujet, aucun avis, explique-t-elle. Aucun fait ne permet de dire que Blanc cautionnerait des orientations discriminatoires, au contraire."

Et la ministre de citer le sélectionneur des Bleus pour étayer son propos : "S’il n’y a que des blacks dans les pôles et si ces blacks là veulent jouer en équipe de France, ca me va très bien."

Chantal Jouanno a également affirmé que l’enquête diligentée par ses services tendait à prouver que Mohammed Belkacemi n’avait "pas transmis de documents à la presse". La semaine passée, le conseiller technique national avait reconnu avoir réalisé l’enregistrement de la réunion incriminée du 8 novembre. Il fera l’objet d’un "rappel à la règle" pour lui "rappeler qu’il est interdit d’enregistrer des réunions."

Appel au changement à la FFF

Tout en rappelant que "l’État ne [pouvait] pas faire d’ingérence dans les affaires de la fédération", Chantal Jouanno a estimé qu’il y avait "sans doute lieu de prendre des décisions lourdes au sein de la FFF". Elle a annoncé avoir proposé un "audit organisationnel" aux instances du football national, ainsi qu’un "accompagnement managérial". Des recommandations que la FFF n’a néanmoins aucune obligation de suivre.

En parallèle de l'enquête du ministère des Sports, la Fédération a mené sa propre enquête, en interne, qui a abouti sur le fait qu’"aucun élément matériel ne [pouvait] démontrer une politique de quota".

Le rapport des deux enquêteurs, Laurent Davenas, président du Conseil national de l'éthique et Patrick Braouezec, président de la Fondation du football, a par ailleurs donné quelques détails sur le chemin qu’aurait suivi l’enregistrement

.Le directeur adjoint de la FFF était au courant

"Monsieur Belkacemi a enregistré les propos et transmis à monsieur Prévosto (le directeur général adjoint de la FFF, NDLR), qui a reconnu avoir eu l'enregistrement. […] Ce dernier n'a pas tenu compte de ceci et l’a remis à monsieur Duchaussoy au moment de l'affaire", développe Patrick Braouzec, qui a estimé que le DG adjoint aurait fait là "une faute".

Le rapport des deux enquêteurs fait également état d’une "altercation verbale entre monsieur Belkacemi et d'autres membres de la FFF" au lendemain du fiasco du Mondial 2010. Pour Patrick Braouezec, c’est de cet accrochage que serait venue l’"idée d'enregistrer une réunion".

L’enquêteur a également décelé un "manque de leadership qui aurait cadré les débats" et estime qu’"il faut s'assurer que la nouvelle gouvernance règle le problème de déficit managérial actuel".

Ce sera le sujet d’un conseil fédéral extraordinaire jeudi, au cours duquel la FFF aura pour tâche de déterminer d’éventuelles sanctions administratives en interne.