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Al-Qaïda confirme la mort de Ben Laden et menace de la venger

Un communiqué, signé du commandement général de l'organisation terroriste, indique aussi qu'al-Qaïda diffusera prochainement un enregistrement de Ben Laden réalisé une semaine avant sa mort.

AFP - Al-Qaïda a juré de poursuivre "le jihad" pour venger la mort de son chef Oussama Ben Laden, tué il y a cinq jours par un commando américain dont des membres devaient recevoir vendredi les félicitations en personne du président Barack Obama.

Le réseau islamiste a également confirmé la mort de son chef dans un communiqué, au ton belliqueux et emphatique, signé du commandement général d'Al-Qaïda et daté de mardi.

"Le cheikh combattant (...) Abou Abdallah, Oussama Ben Mohamed Ben Laden a été tué (...) par les balles de la trahison et de l'apostasie", écrit Al-Qaïda.

La nébuleuse extrémiste, responsable des attentats du 11-Septembre qui ont fait près de 3.000 mort aux Etats-Unis, promet que "le sang" de Ben Laden "n'aura pas été versé en vain et qu'il sera une malédiction pour les Américains et leurs agents".

Al-Qaïda s'engage à "poursuivre sur la voie du jihad" tracée par son chef et assure que "les soldats de l'Islam vont poursuivre, par groupes et individuellement, et sans relâche la planification" de leur lutte.

Ben Laden avait enregistré un message sur le printemps arabe

Peu de temps après la diffusion de ce message vendredi sur des sites islamistes, la Maison Blanche a assuré être "tout à fait consciente que de tels actes peuvent être commis". "Nous sommes extrêmement vigilants quant à cette éventualité", a dit Jay Carney, le porte-parole de Barack Obama.

Dans son message, Al-Qaïda annonce en outre la diffusion "prochaine" d'un enregistrement sonore de Ben Laden sur les révoltes dans le monde arabe, enregistré une semaine avant sa mort.

Oussama Ben Laden, ennemi public numéro un des Etats-Unis, a été tué dans la nuit de dimanche à lundi par une opération des forces spéciales américaines contre la résidence où il se cachait à Abbottabad, une ville-garnison à 80 km au nord d'Islamabad, au Pakistan.

Obama va féliciter les membres de la "Team 6"

Le commando qui a mené l'assaut était selon les médias américains notamment composé de membres de la "Team 6" (équipe 6) des Seals, une unité si secrète que ses missions ne sont jamais confirmées.

Attendu dans l'après-midi à Fort Campbell, une base militaire du Kentucky (centre-est), le président Obama "aura l'occasion de remercier en privé certains membres des opérations spéciales impliqués dans l'opération", a indiqué un haut responsable américain.

L'opération d'une quarantaine de minutes, menée par 79 hommes, a non seulement permis d'éliminer Ben Laden, mais également de mettre la main sur une importante quantité de documents (disques durs, CD-ROM...) qui constituent potentiellement une mine de renseignements.

Les Etats-Unis n'ont pas tardé à en tirer parti: le département de la Sécurité intérieure a annoncé jeudi qu'Al-Qaïda cherchait à préparer des attentats dans des trains aux Etats-Unis pour marquer le 10e anniversaire du 11-Septembre.

L'information provient de documents saisis lors du raid, selon une source proche du dossier. Elle montre que Ben Laden semblait toujours activement impliqué et opérationnel, au moins jusqu'en février 2010.

Manifestations pro-Ben Laden en Égypte et au Pakistan

La journée de vendredi, jour de prière dans le monde musulman, a été marquée par plusieurs rassemblements en hommage au chef d'Al-Qaïda.

Des centaines d'islamistes ont manifesté au Caire près de l'ambassade des Etats-Unis. Les participants portaient une banderole sur laquelle figurait un portrait du chef d'Al-Qaïda avec l'inscription "Oussama Ben Laden est le symbole du jihad".

Quelque 200 personnes ont également manifesté à Istanbul contre les Etats-Unis, devant la mosquée Fatih, portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Etats-Unis terroristes, Oussama mujahid" (combattant) et scandaient "Allah akbar" (Dieu est grand).

Au Pakistan, des centaines de personnes ont défilé dans la ville de Quetta (sud-ouest), pour rendre "hommage" à Ben Laden et appeler au jihad contre Washington. La manifestation était organisée par le parti islamiste Jamiat-Ulema-e-Islam (JUI).

"Longue vie à Oussama", scandait la foule, évaluée à moins d'un millier de personnes par un correspondant de l'AFP.

Avis de grand froid sur les relations pakistano-américaines

Les relations entre Washington et Islamabad ont subi un net coup de froid depuis le raid contre Ben Laden, de hauts responsables américains accusant le Pakistan de double jeu, alors que le Pakistan, qui rejette ces soupçons, a prévenu que tout nouveau raid aurait des conséquences.

Le chef d'état-major Ashfaq Parvez Kayani "a dit clairement que toute nouvelle action de ce type, violant la souveraineté du Pakistan, entraînerait une révision du niveau de la coopération militaire et dans le domaine du renseignement avec les Etats-Unis", a indiqué jeudi l'état-major de l'armée pakistanaise.

L'armée pakistanaise a toutefois reconnu "ses propres insuffisances dans le renseignement sur la présence d'Oussama Ben Laden au Pakistan".

Pour l'ancien président pakistanais Pervez Musharraf, il y a deux explications possibles à la présence secrète du chef d'Al-Qaïda pendant cinq ans à Abbottabad.

"L'une est qu'il y avait des complicités au sein de nos services de renseignement. L'autre est leur incompétence et je penche fortement pour cette explication", a déclaré l'ancien président, à la radio américaine NPR. "Je ne peux pas croire qu'il y avait complicité".