
Ce jeudi est jour de vote pour l'Irlande du Nord, 108 sièges de représentants régionaux étant à pourvoir. L'assemblée vient d'achever son premier mandat sans interruption, signe de réussite du processus de paix.Mais la division reste de mise entre Unionistes et Républicains. Va-t-il y avoir du changement ?
Les Nord-Irlandais se rendent aux urnes aujourd’hui 5 mai pour élire leurs 108 représentants régionaux. L’assemblée autonome d’Irlande du Nord vient d’achever son premier mandat sans interruption, ce qui est un signe de la solidité du processus de paix.
L’Irlande du Nord reste toutefois une société divisée entre unionistes, favorables au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume Uni, et républicains, qui militent pour l’unification de l’île. Pour la première fois dans ces élections, le parti républicain Sinn Féin pourrait devenir la première formation politique nord-irlandaise et Martin McGuinness, ancien chef de l’IRA (Armée républicaine irlandaise) être élu Premier ministre.
En revanche, Peter Robinson, chef des Démocrates unionistes est confiant de pouvoir conserver son fauteuil de chef de l’Exécutif nord-irlandais. « Vu l’acceuil chaleureux que nous recevons à travers le pays, je dirai que notre électorat se rendra aux urnes en masse », précise Peter Robinson, à France 24. « Notre parti veut conserver la place de leader qui est la sienne, car nous avons su mener notre Province vers la paix et la stabilité ».
Depuis plus de 30 ans les élections sont disputées autour de la fracture politico-religieuse. La bataille électorale est une question d’identité, les protestants votant pour les partis unionistes (DUP/ UUP), les catholiques pour les nationalistes ou républicains (Sinn Féin/ SDLP).
Mais pour la première fois dans cette campagne électorale, l’économie était un enjeu majeur. On parlait emploi, éducation. Lors des débats télévisés entre les leaders des 4 grands partis, on avait l’impression que tout à coup la ligne de fracture était beaucoup moins nette. Sur le terrain, une coalition de fait s’est installée entre Peter Robinson et Martin McGuinness de Sinn Féin, ennemis d’hier.
Il y a 10 ans, Peter Robinson aurait refusé de débattre ou même de se retrouver dans le même studio télévisé que son adversaire. Aujourd’hui, les deux hommes sont forcés de partager le pouvoir conformément aux règles de l’accord de paix de 1998. Et ils semblent fort bien s’accommoder de ce système, même s’il reste imparfait.
« Les électeurs se rendent compte désormais que les unionistes de Peter Robinson et les républicains que je représente parviennent à travailler ensemble», explique Martin McGuinness, à France 24.
L’Irlande du Nord est elle prête symboliquement à élire un ancien chef de l’IRA Premier ministre ?
« La plupart des gens n’ont aucun problème avec ça », dit M. McGuinness, Vice-Premier ministre sortant, « les seuls qui risquent d’avoir un problème sont les extrémistes côté unioniste, et aussi je suppose les gens qui ont tué Ronan Kerr », un jeune policier catholique mort le mois dernier dans l’explosion de son véhicule, piégé par des dissidents de l’IRA, opposés au processus de paix.
Si l’IRA a renoncé à la violence il y a six ans. La recrudescence des attentats des groupes dissidents était aussi un enjeu de cette campagne. Ont ils les moyens de faire dérailler le processus de paix ?
Pendant le week-end pascal, l’IRA véritable a encore menacé de multiplier ses attaques contre la police. Ils sont capable de tuer, ils l’ont montré à maintes reprises : 29 morts à Omagh en 1998, et plus récemment 2 soldats et 2 policiers tués. Mais « à chacune de leurs attaques, ils unissent » l’immense majorité de la population contre eux, estime Martin McGuinness, assurant qu’ils n’ont pas la capacité militaire de soutenir un conflit comme l’a fait l’IRA , qui fit trembler Londres pendant 20 ans.
« Ils n’ont pour stratégie politique que leurs attentats ». Et sans soutien populaire, ils ont peu de chances d’endommager sérieusement le processus de paix.