
Sur le réseau de microblogging Twitter, un ex-membre de l’administration Bush a annoncé le décès d’Oussama Ben Laden avant même le président américain. Mais les deux premiers témoignages sur le réseau étaient ceux de deux "twitternautes" pakistanais.
Barack Obama a été pris de vitesse. Une heure avant son annonce officielle, Keith Urbahn, chef de cabinet de l’ex-ministre de la Défense de George W. Bush, Donald Rumsfeld, écrivait : "Une personne digne de confiance m’a dit qu’Oussama Ben Laden a été tué."
Une "bombe" de moins de 140 signes lâchée sur le célèbre site de microblogging qui, selon l'édition de lundi du New York Times, a mis la Maison Blanche sens dessus dessous. L’administration Obama a alors été obligée d’appeler les médias en catastrophe pour confirmer. Elle s'est surtout retrouvée dans l'obligation de retravailler l’intervention du président américain, prévue vers 23h30 (heure de la côte Est) - 5h30 du matin en France.
Barack Obama pris de court
Une demi-heure auparavant, le tweet de Keith Urbahn avait fait déjà fait le tour de la Toile. Le Huffington Post - l’un des sites d’info les plus visités au monde - titrait même "Dead" alors qu'Obama ne s’était pas encore exprimé.
La mort du chef d’Al-Qaïda est alors omniprésente sur les réseaux sociaux - et sur la Toile de manière plus générale. A tel point que les vingt premiers sujets de recherche sur Google sont tous liés à Ben Laden. "Je ne me souviens pas avoir déjà constaté un tel "hold-up" des tendances Google par une seule info", écrit sur le site Search Engine Land, Danny Sullivan, le plus respecté des spécialistes de Google.
Tweeter l'opération finale sans le savoir
De son côté, le Pakistanais Sohaib Athar - connu sous le pseudo "ReallyVirtual" sur Twitter - est devenu "l’homme qui a live-tweeté le raid contre Ben Laden sans le savoir".
Il est 1 h du matin au Pakistan, soit 22 h en France. Ce Pakistanais de 33 ans écrit alors sur son fil : "Une énorme déflagration vient de faire trembler les vitres." Ses tweets sont le témoignage le plus précis du déroulement de l'opération qui a permis d'éliminer Oussama Ben Laden.
À ce moment, Il ne sait pas ce qui se trame en gazouillant : "Un hélicoptère survole Abbottabad, c’est un événement très rare." Puis d'ajouter quelques minutes plus tard : "Et dire que je me suis installé à Abbottabad pour être plus tranquille qu’à Lahore."
Ce que Sohaib Ahtar entend à ce moment-là est le crash ou l'explosion d’un hélicoptère américain pendant l’attaque. "Comme les Taliban n’ont (probablement) pas d’hélicoptères et qu’on nous dit que ce n'est pas un appareil pakistanais, la situation doit être compliquée", remarque-t-il peu avant que l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden n’ébranle la Toile.
Un "twitternaute" peut en cacher un autre
Au même moment, un autre Pakistanais, Mohcin Shah, rapporte des informations qu'il tient de ses proches, qui vivent à Abbottabad : "J’ai appelé ma famille qui m’a raconté avoir entendu des détonations près de l’académie militaire", écrit-il peu après 2 heures du matin (23 h en France). Sur ses tweets, on le sent inquiet pour sa famille, tandis qu’il relate les bribes d’informations qui lui parviennent. "D’après mon oncle, l’hélicoptère survolait une cache de militants, on a entendu trois explosions, des échanges de coups de feu puis l’hélicoptère s’est écrasé", raconte-t-il. Et d’ajouter : "Heureusement, ma famille va bien."
Lui non plus ne connaissait pas l’importance de l’opération qui était alors en cours. Mais ses tweets, et ceux de Sohaib Ahtar, resteront probablement comme les premiers témoignages directs de ce tournant dans la guerre contre le terrorisme.