Des affrontements entre les forces de sécurité et des opposants au président Saleh ont éclaté mercredi dans la capitale, Sanaa, où au moins neuf personnes sont décédées, tandis que deux manifestants et un policier trouvaient la mort à Aden.
AFP - Neuf protestataires ont été tués par balles lors de la dispersion d'une manifestation, portant à 12 le nombre de morts mercredi dans des heurts au Yémen où le président contesté Ali Abdallah Saleh a répété qu'il s'en remettrait aux urnes pour une transition du pouvoir.
A Sanaa, les forces de sécurité et des militaires ont tiré pour disperser une manifestation, tuant neuf personnes et en blessant plus de 100 autres, dont 10 sont dans état grave, ont indiqué à l'AFP des sources médicales.
Les forces gouvernementales sont intervenues sur l'avenue Sittine, qui conduit à l'aéroport de Sanaa, où des dizaines de milliers de protestataires défilaient pour dénoncer le plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe et réclamer la chute du régime, selon des témoins.
Des partisans du régime, armés de pierres et de bâtons, ont participé à la répression, ont ajouté les témoins.
Plus tôt dans l'après-midi, des centaines de manifestants ont marché en direction de l'ambassade d'Arabie saoudite à Sanaa pour protester contre le plan du Golfe, alors que des milliers d'autres s'étaient dirigés vers le siège du ministère de l'Information et les locaux de la radio-télévision.
A Aden, dans le sud du pays, des heurts ont opposé dans la matinée les forces de sécurité à des manifestants armés qui avaient proclamé une journée de "désobéissance civile", selon des témoins.
Les policiers ont tiré sur les manifestants hostiles au président Saleh, qui bloquaient les routes à l'aide de blocs de pierres, tuant un manifestant et en blessant trois autres. Les contestataires ont riposté, tuant deux policiers, selon des sources de sécurité et médicales.
Aden était entièrement paralysée par le mouvement de contestation, qui était partiellement suivi dans les autres provinces sudistes de Lahej, Hadramout et Abyane, selon des témoins.
Ces développements sont survenus alors que le président Saleh semblait s'accrocher au pouvoir à quelques jours de la ratification annoncée d'un accord prévoyant sa démission.
"L'ère des coups d'Etat est révolue, et une transition pacifique du pouvoir passe exclusivement par les urnes", a déclaré M. Saleh, cité mercredi par l'agence officielle Saba, en recevant les membres du bloc parlementaire de son parti, le Congrès populaire général (CPG).
Le pouvoir et le Front Commun, une coalition de l'opposition parlementaire, doivent en principe signer dans les prochains jours à Ryad un accord de transition du pouvoir, obtenu grâce à une médiation des monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), selon des sources proches des deux camps rivaux.
Les ministres des Affaires étrangères du CCG se réunissent dimanche à Ryad pour "compléter les dispositions pour l'adoption de l'initiative" de leurs pays sur la crise yéménite, selon un communiqué du secrétariat général du CCG.
La date de signature de l'accord semble encore incertaine: le pouvoir et l'opposition l'avaient annoncée pour mercredi à Ryad, puis un responsable du CCG avait indiqué que le document serait signé lundi.
M. Saleh, dont le départ immédiat est réclamé par un large mouvement de contestation dont la répression a fait près de 150 morts, continue de défendre sa légitimité constitutionnelle, en référence à son mandat qui court jusqu'en 2013.
Par ailleurs, dans la province d'Abyane, voisine d'Aden, où Al-Qaïda est fortement implantée, deux soldats yéménites ont été tués et trois blessés dans une attaque du réseau d'Oussama ben Laden contre un point de contrôle militaire, selon un responsable de la sécurité qui a requis l'anonymat.